Où se trouve le "tag" sur le tableau ? Pourquoi est-il "effaçable" ? La sécurité est-elle en cause ? Est-ce déjà arrivé à d'autres tableaux ?... 10 questions autour du tableau de Delacroix vandalisé au Louvre-Lens.
Qui est la "tagueuse" ?
La visiteuse qui a agi peu avant la fermeture du musée a 28 ans. Elle a été immédiatement maîtrisée et "il s'agit d'un acte d'une personne considérée comme déséquilibrée, ayant des problèmes de maturité. Elle a voulu marquer le tableau, 'de sa marque' dit-elle", raconte Guy Delcourt, député-maire deLens, interrogé sur Europe 1. Elle vit chez ses parents à Hersin-Coupigny et n'est pas connue des services de police.
En milieu de journée, la garde à vue de la jeune femme a été prolongée : "Elle a des moments de lucidité et par moments, elle a des bouffées délirantes",
a-t-il expliqué, précisant que "la jeune femme semble avoir agi seule".
Une perquisition a été effectuée vendredi matin au domicile de la jeune femme, à Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais). Son téléphone portable
a été saisi et fait l'objet d'analyses, selon la même source.
Elle encourt sept ans de prison et 100.000 euros d'amende pour dégradation d'un objet culturel confié à un musée, a précisé M. Peyroux.
Qu'a-t-elle tagué ?
Le tag a été écrit dans le bas droit de la célèbre composition, un peu en dessous du jeune garçon dont Victor Hugo s'est inspiré pour imaginer Gavroche. Une inscription de 10 cm sur 30. Ecrite au marqueur noir : AE911. Un code qui ferait référence à un groupuscule qui remet en cause les attentats du 11 septembre. Tous les détails dans cet article.Est-ce irréversible ?
L'inscription a été faite au marqueur noir (de marque Bic). Mais le tableau est recouvert d'une épaisse couche de vernis. Les dégâts n'étaient pas trop importants.Ce vendredi matin, une restauratrice qui travaillait ces derniers jours au musée des Beaux-arts à Lille, a fait un nouveau diagnostic et a fait un premier "nettoyage". L'inscription faite par une visiteuse jeudi au musée du Louvre-Lens sur le tableau de Delacroix "La Liberté guidant le peuple" a été "intégralement retirée" et le tableau est désormais intact, a indiqué la direction du Louvre vendredi après-midi dans un communiqué.
"L'intégrité de l'oeuvre n'a en rien été atteinte, l'inscription étant superficielle et restée en surface du vernis sans atteindre la couche picturale", a expliqué
la direction. Une restauratrice est intervenue sur place vendredi matin pendant moins de deux heures. L'intervention n'a pas nécessité le décrochage du tableau et a débuté par des tests à blanc, puis sur l'oeuvre elle-même "pour vérifier l'innocuité du solvant retenu pour éliminer les traces de feutre".
Une intervention globale a ensuite permis de "faire disparaître complètement l'inscription".
En conséquence, "La Liberté guidant le peuple" sera de nouveau présentée dès samedi au public et la Galerie du Temps, principale salle d'exposition du musée, sera rouverte dès 10H00, a précisé la direction.
Quelles conséquences pour le Louvre-Lens ?
C'est symboliquement un mauvais coup pour le musée lensois. Même si la direction se veut rassurante : "Cet incident "ne remet pas en cause la volonté de faire partager à tous les chefs-d’oeuvre du Louvre à Lens, qui a déjà accueilli 205 000 visiteurs depuis son ouverture"Est-ce déjà arrivé à d'autres tableaux ?
Oui, par exemple, en 1972, un déséquilibré a mutilé une sculpture de Michel Ange, La pieta, en la frappant de quinze coups de marteau. L'œuvre a depuis été restaurée et est à présent protégée derrière une vitre blindée. En 2009, La Joconde, a été la cible d'un lancer de mug, qui n'a fait aucun dégât sur l'oeuvre phare du musée, protégée par une vitre blindée.En 2012, un homme a fait une tâche de peinture noire à l’aide d’un pinceau sur l’un des tableaux du peintre américain exposé à la Tate Modern à Londres.
France Tv info a recensé une dizaine d'oeuvres célèbres vandalisées ces dernières années.
Les tableaux sont-ils suffisamment surveillés ?
Oui, a priori. Ils sont autant surveillés au Louvre-Lens qu'au Louvre. Agents de sécurité et médiateurs sont toujours prêts à intervenir. Et des systèmes d'alarme doivent normalement empêcher d'approcher de trop près les oeuvres. Mais les oeuvres ne sont pas sous cloche. Et le risque zéro n'existe pas dans les musées.En outre, le tableau, situé en plein cœur du bâtiment n'est pas protégé particulièrement. En raison de sa grande dimension (325 cm × 260 cm), La Liberté guidant le peuple ne possédait pas de vitre de protection.
D'autres réponses sur les questions de sécurité dans cet article.
Le Louvre-Lens va-t-il rester ouvert ?
Oui, mais la direction du musée a annoncé dans la matinée que "La galerie du temps (était) fermée aujourd'hui (vendredi), et du coup, on ouvre gratuitement l'exposition temporaire". Hier soir jeudi, une réception avait eu lieu dans le musée après la fermeture. Selon La Voix du Nord, les invités ont été tenus à l'écart du tableau.La restauration étant déjà terminée, l'intégralité du musée va rouvrir normalement ce samedi à 10h.
"La Liberté guidant le peuple" est-elle une oeuvre majeure ?
Oui. Ce tableau d'Eugène Delacroix "La Liberté guidant le peuple" (1830) de Delacroix est, avec le "Portrait de Balthazar Castiglione" de Raphaël ou "La Madeleine à la veilleuse" de Georges de La Tour, un des chefs d'oeuvre qui ont rejoint pour un an le nouveau musée, inauguré le 4 décembre.Inspiré des journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet 1830, il est un tableau symbole de la République. Il a longtemps "orné" les billets de 100 francs.