La Commission britannique de la concurrence estime que le rachat des anciens ferries de SeaFrance par Eurotunnel aura comme conséquence de faire monter les prix des liaisons transmanche. Ce que conteste l'exploitant du tunnel sous la Manche.
La Commission britannique de la concurrence a jugé mardi, dans un rapport préliminaire, que la reprise des navires de la compagnie de ferries SeaFrance par Eurotunnel pourrait faire augmenter les prix des liaisons transmanche, ce que l'exploitant du tunnel sous la Manche conteste.
"En ajoutant des liaisons ferry à son activité existante (d'exploitation) du tunnel sous la Manche, Eurotunnel va significativement augmenter sa part de marché déjà élevée sur le marché transmanche et les prix devraient augmenter", a indiqué la Commission dont le rapport définitif sera publié le 14 avril. La Commission affirme par ailleurs que la reprise en 2012 des ferries de SeaFrance par Eurotunnel a été motivée par la crainte de voir le partenariat entre les compagnies DFDS et LD les racheter "pas cher, ce qui aurait pu tirer les prix vers le bas". Soulignant l'"excédent de capacité" sur les liaisons entre Douvres et Calais, Alasdair Smith, vice-président de la Commission, estime que l'une des compagnies de ferries sortira du marché "à court ou moyen terme".
Hausse des prix ?
M. Smith pense donc que les intérêts des consommateurs seront mieux protégés "s'il y a deux compagnies indépendantes concurrençant le tunnel que si l'une des deux appartient à Eurotunnel". Fin octobre, l'autorité britannique de la concurrence (OFT) avait déjà estimé que la reprise des navires de SeaFrance par Eurotunnel pourrait faire augmenter les prix et avait renvoyé le dossier à la Commission.
Eurotunnel a racheté trois navires de SeaFrance et les loue à la nouvelle compagnie MyFerryLink, créée par les anciens salariés de SeaFrance après sa liquidation judiciaire. Dans un communiqué, Eurotunnel a indiqué qu'il "contest(ait) ce rapport préliminaire". Le groupe, qui a reçu en novembre un feu vert sous conditions de l'Autorité de la concurrence française, considère au contraire que son rachat des navires de SeaFrance "renforce la concurrence" et accuse ses concurrents d'avoir "cherché à instrumentaliser le processus initié par l'autorité de la concurrence britannique pour protéger leurs propres intérêts". "Eurotunnel a l'intention de continuer à travailler avec la Commission de la concurrence pour dissiper les inquiétudes soulevées par les opérateurs de ferries et démontrer que la création de MyFerryLink est une bonne nouvelle pour le marché puisqu'elle est favorable aux clients et à la concurrence", a déclaré son PDG, Jacques Gounon.