Quand le bassin minier du Pas-de-Calais soutenait les mineurs anglais en lutte contre Margaret Thatcher

Les obsèques ce mercredi de l'ex-Premier Ministre britannique, Margaret Thatcher, va raviver bien des souvenirs dans le bassin minier. En 1984, tout un mouvement de solidarité s'était organisé pour soutenir les mineurs anglais en lutte contre l'inflexible "Dame de Fer". 

C'était il y a presque 30 ans. En 1984. Plusieurs centaines d'enfants de mineurs anglais étaient accueillis dans des familles du Pas-de-Calais, pendant que leurs parents se débattaient outre-Manche dans un long mouvement de grève, violent et désespéré, pour préserver leurs emplois. Ils s'appelaient Robert, Dany, Kathy, Caroline ou Jackie et venaient du Yorkshire ou des Midlands. Pendant plusieurs semaines - l'été ou lors des fêtes de Noël - ils ont été hébergés à Lens, Liévin, Bruay-la-Buissière et dans d'autres villes du bassin minier.

Des dizaines de milliers de mineurs anglais avaient participé en 1984-1985 à cette grève, un des événements marquants des années Thatcher. La violence des affrontements entre les grévistes et la police, qui avaient dégénéré en véritables batailles rangées, avaient stupéfié l'opinion. La "Dame de Fer" voulait fermer des dizaines de puits déficitaires et avait engagé un véritable bras de fer avec Arthur Scargill, président du syndicat des mineurs NUM, rebaptisé "le Roi Arthur" par ses troupes. Ce conflit coûta la vie à plusieurs personnes, dont six grévistes et un chauffeur de taxi, assassiné au Pays de Galles pour avoir transporté un mineur non-gréviste jusqu'à un puits.

Convois de solidarité


Les grévistes, "ennemis de l'intérieur" selon Margaret Thatcher,  s'étaient retrouvés dans une situation désespérée après une année sans travail. En France, la CGT avait organisé des convois d'aide alimentaire depuis la région parisienne via le bassin minier du Pas-de-Calais pour leur faire parvenir des centaines de tonnes de vivres. "150 000 mineurs avec leur famille en grève depuis 8 mois, on n'a jamais vu ça en Europe et je crois dans le monde ", s'indignait en octobre 1984 Henri Krasucki, l'emblématique leader de la CGT. "Et nous parlons en connaisseurs, parce que des grèves nous en avons faîtes, et des dures et des longues, les mineurs notamment. Mais personne n'a fait autant que les mineurs britanniques."
Mais les mineurs anglais ont fini par perdre la partie: Margaret Thatcher les a acculés à la défaite en réussissant à approvisionner le pays en charbon. Certains mineurs avaient repris le chemin de la mine en pleurs. Dans ses mémoires, l'inflexible "Dame de fer" écrira: les mineurs "avaient voulu défier les lois du pays et s'opposer aux lois de l'économie. Ils ont échoué". Cette défaite, véritable coup de massue pour le très puissant syndicat NUM, a quasiment mis fin à l'extraction souterraine du charbon au Royaume-Uni. En 1984, la Grande-Bretagne avait 170 mines en activité, qui employaient 200.000 ouvriers. Il n'en reste aujourd'hui qu'une poignée, où travaillent environ 2.000 personnes.

Dans les anciennes cités minières de Grande-Bretagne, dont certaines sont encore économiquement sinistrées, on n'a jamais pardonné à Margaret Thatcher. Le ressentiment est encore très vif aujourd'hui. Des photos de l'ex-Premier Ministre ont ainsi été rageusement déchirées à l'annonce de son décès. "Si son corps est incinéré et qu'il n'y pas de charbon pour la crémation, désolé, mais ce sera sa faute", préfère plaisanter un ancien mineur d'Armthorpe, dans le Yorkshire, cité par l'AFP
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