A 19 ans, invité pour son premier tournoi du Grand Chelem, Lucas Pouille a fait forte impression en dominant un adversaire qui le surclassait sur le papier. Le jeune joueur a débuté le tennis à Loon-Plage (Nord), où il est toujours licencié.
Il est la sensation française de ce début de tournoi de Roland-Garros. A 19 ans, Lucas Pouille était invité par la fédération (il avait - comme son adversaire - une "wild card"), pour participer à son premier tournoi du Grand Chelem. Surprise : classé 310e mondial, il a dominé l'Américain Alex Kuznetsov, 172e mondial, en 2h08 et trois sets (6-1, 7-6, 6-2).
Champion de France des 17-18 ans en 2012, Lucas Pouille a bondi de 500 places au classement ATP en quelques mois. Le voilà devenu le plus jeune Français à passer un tour à Roland-Garros depuis Guillaume Ruffin, en 2009. Grâce à lui, c'est aussi la fin de 10 années de tournoi sans un seul tennisman nordiste. Le dernier à avoir participé était Julien Varlet, sorti au 2e tour en 2003.
Licencié à Loon-Plage
Né à Grande-Synthe, Lucas Pouille a commencé le tennis à 8 ans, dans le club de Loon-Plage (200 adhérents), dans le Nord.
Dès ses 12 ans, il quittait la région pour rejoindre le Pôle France de Poitiers. Trois plus tard encore, il passe à l'INSEP, puis au CNE à Paris. Toute la filière classique, suivie avant lui par Jo-Wilfried Tsonga ou Gilles Simon.
Malgré tout et même s'il habite depuis peu son propre appartement, le jeune nordiste reste nordiste. Il est toujours licencié à Loon-Plage, où restent sa famille et la plupart de ses proches. Pour son premier match en Grand Chelem, à Rolland Garros, ils étaient d'ailleurs une trentaine à avoir fait le déplacement.
La relève française
Sur le plan physique et technique, Lucas Pouille est remarqué pour son service (régulièrement à 200 km/h) et surtout son coup droit (décroisé) dévastateur. Joueur complet, capable du meilleur sur toutes les surfaces, il a d'ailleurs été choisi par Emmanuel Planque, l'entraîneur de Michaël Llodra, Guillaume Rufin et auparavant Fabrice Santoro.Pour l'ancien professionnel Charles-Antoine Brezac, Pouille est "un grand espoir du tennis français, remplaçant logique de la génération actuelle quand elle prendra sa retraite". Un avis et un espoir largement partagé dans le milieu.
Humilité
"Je suis peut-être être dans les meilleurs de mon âge mais on ne sait jamais ce qui peut se passer, je peux commencer à perdre des matches", prévient l'intéressé."La seule vérité pour réussir sur le long terme, la clé du projet, c’est l’état d’esprit : le travail, l’honnêteté, la modestie", explique son entraîneur à nos confères de Rue89, avant d'ajouter : "Et je n’ai jamais vu ces valeurs aussi présentes que chez Lucas. Il est intelligent. C’est l’anti-joueur de foot. Il y a chez lui un cocktail très fin de confiance et d’humilité."
"C'est un joueur très complet avec un bon physique, mais qui est surtout très équilibré dans sa tête. Il est réfléchi, travailleur et à l'écoute", fait également valoir Patrice Hagelauer, directeur technique national et ancien coach de Yannick Noah, aurpès de nos confrères de L'Express.
Combativité
Sur le terrain, l'humilité ne devient pas timidité. Le nordiste est un combattant. Pour preuve : face à Kuznetsov, dans le deuxième set, il perdait 5-2, avant de revenir à 5-5, égaliser à nouveau à 6-6 par un ace et aligner les points au jeu décisif. Une force qu'il ne compte pas voir faiblir pour sa prochaine rencontre.
Ce jeudi, Lucas Pouille est confronté à Grigor Dimitrov, 28e mondial. Une rencontre à suivre en live streaming. Récemment vainqueur de Djokovic (1er mondial), le Bulgare est en pleine ascension et est comparé à Roger Federer. Pas de quoi décourager le nordiste : "Même s'il est favori, je vais rentrer sur le terrain avec l'envie de gagner et voilà", a-t-il simplement déclaré en conférence de presse.