Deux surveillants de la prison de Valenciennes ont comparu mercredi devant le tribunal correctionnel pour des violences sur un détenu de la ville, qui reproche notamment au plus gradé des deux de l'avoir aspergé de gaz lacrymogène de manière gratuite.
Le détenu âgé de 39 ans affirme avoir été frappé par des surveillants et aspergé de gaz lacrymogène par l'ancien chef de la détention de la prison, en février 2009. Ce dernier aurait demandé au surveillant qui comparaissait avec lui mercredi de faire un rapport de la scène alors qu'il n'y avait pas assisté, selon le détenu.
La procureur de la République de Valenciennes Marie-Madeleine Alliot, qui a estimé les faits d'une "exceptionnelle gravité", a requis une peine de six mois de prison avec sursis à l'encontre du chef de la détention et une peine d'amende de 1.500 euros d'amende avec sursis à l'encontre du surveillant.
"Le règlement intérieur (de la prison) n'est jamais respecté. L'usage de la force, c'est en dernier recours", a plaidé Me Jean-Philippe Broyart, avocat du détenu. Il a demandé la condamnation du chef de la détention et du surveillant à respectivement 8.000 et 1.000 euros de dommages intérêts au titre du préjudice moral. Le plaignant reproche au chef de la détention de l'avoir aspergé de gaz lacrymogène à deux reprises. Il affirme avoir été aspergé une seconde fois de l'extérieur de la cellule, un acte "gratuit", selon lui, que le prévenu conteste, alors qu'il reconnaît l'avoir aspergé dans une cellule du quartier disciplinaire.
Les avocats demandent la relaxe
Le chef de la détention a évoqué mercredi lors de l'audience des insultes, des menaces et du tapage de la part du détenu, justifiant selon lui l'intervention
des gardiens pour mettre ce dernier à l'isolement. Il affirme par ailleurs qu'il a menacé les surveillants d'une fourchette.
"Vous croyez sincèrement qu'un DPS (détenu particulièrement surveillé), qui a fait plusieurs années de prison va attaquer les surveillants avec une simple fourchette ?", a interrogé le plaignant lors de l'audience.
Selon le chef de la détention, le détenu s'est notamment énervé lorsqu'il s'est rendu compte qu'il allait faire l'objet d'une fouille intégrale: "Dans l'état où
il était, je me suis posé la question de notre sécurité."
Les avocats des prévenus ont demandé leur relaxe. Bruno Pietrzak, avocat du chef de la détention, a notamment estimé que son client "n'avait pas d'autre solution que d'utiliser la bombe". Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 25 juillet prochain. Le surveillant qui comparaissait mercredi est également poursuivi dans une seconde affaire jugée jeudi, avec deux gardiens, pour divers faits de violences et de faux. Les deux dossiers ont été joints notamment à la demande de l'avocat des détenus, qui souhaite ainsi démontrer des "dysfonctionnements" de la maison d'arrêt de Valenciennes
à l'époque des faits, autour de 2009.