L'enseignant de lycée soupçonné d'avoir extorqué de l'argent à des parents contre la promesse qu'il ne donnerait pas de suite à un incident, écartant ainsi un risque d'exclusion, comparaît demain mercredi devant le tribunal correctionnel d'Avesnes-sur-Helpe.
Rodolphe Miller, 54 ans, est poursuivi pour avoir réclamé 7.500 euros en juin 2012 aux parents d'un élève de terminale d'un lycée professionnel d'Aulnoye-Aymeries, qui lui avait lancé six mois plus tôt une boulette de papier d'aluminium au visage.
Selon les parents, l'enseignant vacataire leur avait assuré qu'en contrepartie, il ne donnerait pas de suite à l'incident et renoncerait à toute poursuite, ce"Ils ont fait un sacrifice financier complètement fou"
qui avait été officialisé dans une "convention d'indemnisation" signée par les deux parties. Mais l'élève avait été exclu définitivement du lycée lors d'un conseil de discipline le 10 janvier, au cours duquel la direction de l'établissement avait découvert le pot aux roses. Les parents avaient déposé plainte. "Ils ont accepté le marché en pensant qu'il pouvait y avoir un intérêt pour leur enfant (...) Ils ont fait un sacrifice financier complètement fou", a déclaré à l'AFP leur avocat, Me Emmanuel Riglaire. Les parents ont un revenu modeste, environ 1.200 euros par mois, avait précédemment indiqué l'avocat.
Le procès a déjà été reporté plusieurs fois, notamment en raison du départ de l'avocat de la défense, après s'être vu refuser un supplément d'information par le président du tribunal. Le nouvel avocat du professeur, Me Frank Berton, n'a pas pu être joint par l'AFP, mais devrait plaider la relaxe, selon son confrère Me Riglaire. Le 29 janvier, le professeur avait été placé en garde à vue et laissé en liberté sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans un établissement scolaire. L'enseignant s'était dit "victime de la famille" de l'élève et avait assuré avoir rapporté les faits "au proviseur adjoint".
"La sanction nous importe peu"
Rodolphe Miller est poursuivi pour extorsion ainsi que pour faux et usage de faux. Sa compagne, âgée de 50 ans, est poursuivie pour complicité. M. Miller encourt un maximum de sept ans de prison au titre de l'extorsion, mais la famille de l'élève attend surtout "une réponse de principe. La sanction nous importe peu", assure Me Riglaire. La famille va demander le remboursement des sommes extorquées au titre des dommages et intérêts, ainsi qu'une réparation du préjudice moral, a indiqué l'avocat.