Plus de deux millions de personnes sont attendues samedi et dimanche à Lille pour braderie. Le coup d'envoi sera donné samedi à 14H mais des dizaines de campings-cars, tentes et camionnettes ont déjà envahi depuis plusieurs jours l'extrémité de l'Esplanade.
Gégé, 53 ans, chef d'atelier en longue maladie, a été l'un des premiers sur zone. Depuis le 21 août, il dort dans sa camionnette, garée à côté de la tonnelle où il a installé une grande table, ouverte aux amis.
"Toute l'année, on s'appelle, on est comme une famille", raconte-t-il en servant un verre de muscadet à son copain Michel, même âge, à l'heure de l'apéritif. Si une partie de l'esplanade est réservée par la mairie aux brocanteurs professionnels, ce n'est pas le cas du terre-plein herbeux situé à son extrémité, royaume fort prisé du "premier arrivé, premier servi".
"Ici, c'est mieux qu'ailleurs, plus tranquille que dans la ville, on peut dormir un peu la nuit, il n'y a pas de lumière et de musique, c'est un peu la campagne",
explique Bruno, la cinquantaine, venue de la Somme avec sa femme Annie et leur chien Pop. Employés tous les deux, ils en sont à leur sixième braderie et, désormais, Gégé leur réserve l'emplacement à côté du sien.
Venir pour chiner et pour l'ambiance
"On vient ici pour l'ambiance, pour acheter et vendre", raconte Bruno, devant la camionnette où il a entassé "2 à 3.000 vinyles". "Je les vends pour racheter ce qui m'intéresse : les années 70, Led Zeppelin, les Beatles...".A quelques mètres de là, Joëlle, 54 ans, et sa soeur Isabelle, 58 ans, venues de Strasbourg, ont eu moins de chance. En arrivant mardi à 06H00, après avoir roulé toute la nuit, elles ont été fraîchement accueillies. "On nous a dit que c'était réservé pour des amis", raconte Isabelle : "ici les emplacements sont libres mais pas si libres que ça", souligne Isabelle. "On nous a menacé de vandaliser notre véhicule", raconte sa soeur, qui en a été quitte pour une grosse frayeur. Finalement, elles ont accepté de "rapetisser" leur stand et les choses se sont arrangées.
Les deux soeurs, qui vont vendre "un peu d'antiquités, de la vaisselle, des vieux livres" dorment l'une dans une toute petite tente, l'autre sur les deux sièges de la camionnette de location qui abrite leurs trésors. "On vient pour chiner un peu et surtout pour l'ambiance, pour cette vie de nomade
: ici, pas de douches, pas de toilettes!" plaisante Isabelle. Les deux soeurs espèrent "faire 5-600 euros". Leur voisin, Vincent, 49 ans, en invalidité, est là depuis lundi. "Ma maman a été placée, je viens vendre ses affaires pour m'en débarrasser et payer la maison de retraite".
Quelque 2.000 policiers, gendarmes et douaniers vont être mobilisés tout au long du week-end pour assurer la sécurité du plus grand vide-grenier d'Europe dont l'origine remonte au Moyen-âge.