Les salariés de La Redoute vont lors d'une "grande manifestation" à l'appel des syndicats descendre dans la rue jeudi à Lille pour protester contre la suppression d'au moins 700 emplois qui plane sur leurs têtes.
Environ 500 salariés avaient déjà manifesté, le 22 octobre à Roubaix (Nord), pour demander des garanties sur l'emploi au groupe Kering (ex-PPR), leur
actionnaire, qui a entrepris de se défaire de sa branche distribution pour se recentrer sur le luxe et le style de vie.
Mais le 29 octobre, le directeur financier de Kering avait confirmé les craintes des syndicats, en leur annonçant la perte potentielle d'au moins 700 des quelque 3.300 emplois de l'entreprise de vente à distance en France et à l'étranger, lors de la cession en cours de négociation. "On est dans une logique d'actions à répétition et en fonction des événements et de la mobilisation, il y aura peut-être une accélération du processus", a déclaré à l'AFP Fabrice Peeters, délégué syndical CGT.
"On nous montre un bilan négatif, mais on pense que derrière, le bilan n'est pas si négatif que cela. Le groupe Kering a fait 1,3 milliard d'euros de bénéfices pour l'année 2012 !", a ajouté M. Peeters. "Quand on est prêt à donner une boîte comme La Redoute pour un euro symbolique et en plus à donner de l'argent à l'éventuel repreneur, c'est que vraiment on veut s'en débarrasser !", a-t-il assuré.
"Quand on est le président d'un groupe aussi fort que Kering, on a des responsabilités, économiques et sociales, dans un pays", a affirmé pour sa part lundi Martine Aubry (PS), maire de Lille et présidente de la communauté urbaine Lille Métropole, qui rencontrera, avec d'autres élus, le
PDG de Kering, François-Henri Pinault, le 12 novembre.
"Ce n'est pas parce que La Redoute perd de l'argent, parce qu'on ne l'a pas modernisée, qu'on peut s'en débarrasser comme cela avec des centaines de licenciements, surtout quand on est un groupe qui gagne autant d'argent", a ajouté Mme Aubry.
"Inquiétudes légitimes"
Deux à trois cents salariés de La Redoute, réunis en assemblée générale sur le site de Wattrelos (Nord), avaient voté le 31 octobre le principe de cette "grande manifestation" à Lille. Les 900 cadres et agents de maîtrise doivent eux se prononcer mardi par vote à bulletin secret dans cet établissement ainsi qu'au siège de Roubaix pour savoir "s'ils sont d'accord pour une manifestation qui à un moment donné pourrait déboucher sur un débrayage", a indiqué à l'AFP Alain Dieudonné, délégué central CFE-CGC pour la Redoute.Des salariés d'autres entreprises de la région en difficulté ont été invités à se joindre au cortège qui doit partir de la gare Lille-Flandres vers 11H00 et aller jusqu'à la Grand Place, dans le centre de Lille.
La Redoute, une entreprise à vendre
La Redoute emploie, selon les sources, de 2.400 à 2.650 personnes en France, sur ses sites de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, et de 800 à 900 à l'étranger.Dans un entretien au Journal du Dimanche, Martine Aubry avait dénoncé l'attitude "irresponsable" du groupe Kering envers sa filiale. Dans une lettre envoyée en réponse à Mme Aubry et aux autres élus socialistes de la métropole lilloise, M. Pinault a reconnu que leur "interpellation et (leurs) inquiétudes (étaient) légitimes".
"C'est l'adaptation de l'outil industriel (logistique, informatique) qui doit maintenant être engagée. Cette nouvelle étape figurera dans le plan industriel
du futur repreneur de La Redoute, car elle est indispensable pour assurer la pérennité de l'activité", a ajouté le PDG de Kering.
Kering est actuellement en discussion avec trois repreneurs potentiels. Selon la revue Challenges, Kering pourrait céder La Redoute à la foncière Altarea Cogedim ou au fonds d'investissement OpCapita. Des informations de presse ont également évoqué le nom du fonds HIG Capital. Kering s'est toujours refusé au moindre commentaire sur ces informations.