Le 12 novembre 1998, la première pierre de l'usine Toyota à Onnaing était posée. Alors que l'automobile dans la région a perdu 14 000 emplois en 5 ans, Toyota a créé 160 nouveaux CDI en 2013. Quelles sont les raisons du succès ? Eléments de réponses en 5 points.
1- Le choix du modèle unique "made in France" : la Yaris
Depuis le 31 janvier 2001, l'usine d'Onnaing n'a produit que la Yaris même si le modèle n'a cessé d'évoluer avec la 3ème génération en cours et 69 variantes existantes dont 5 destinées uniquement au marché nord-américain depuis mai 2013.Contrairement aux constructeurs concurrents, Toyota a construit sa chaîne de montage et l'usine elle-même uniquement autour de la Yaris.
90% du chiffre d'affaire se fait aujourd'hui à l'export. Les modèles destinés au marché français portent la mention "France Origine Garantie", puisque 56% de la valeur ajoutée du véhicule est bien française, même si de nombreuses pièces viennent de l'étranger comme le moteur ou la boîte de vitesse.
2-Un site compact très bien localisé
La logistique à elle seule représente 6 stades de foot à Onnaing mais le site reste ultra compact par rapport à ses concurrents. Il permet d'économiser 30% de la surface habituellement utilisée dans ce type d'usine. La distance entre les lignes est réduite : l'attente entre les différents ateliers l'est donc également. Chez les concurrents, il n'est pas rare que l'encours, c'est-à-dire le nombre de véhicule en attente sur la chaîne soit de 300 véhicules, chez Toyota, il est de 40.3- Kaizen et Genchi Genbutsu: 2 notions intégrées par les salariés
Kaizen est un mot japonais signifie "amélioration continue", le "Genchi Genbutsu" traduit lui l'idée d'aller observer sur le terrain. Ces deux termes sont connus et intégrés par chaque salarié qui à son arrivée reçoit une formation identique : une journée d'intégration et jusqu'à 20 jours de pratique.Qu'il soit simple "member", c'est-à-dire opérateur sur la chaîne ou qu'il ait plus de responsabilité, chaque salarié doit pouvoir faire remonter toute information susceptible d'améliorer les procédures. Les salariés participent eux-mêmes à ces améliorations alors que les cadres hiérarchiques sont très présents sur la chaîne.
4- le Toyota Way : un management spécifique
Alain Van Vyve, le vice-président de l'usine d'Onnaing : "On pourra lire 36 000 livres sur le Toyota Way ou le Kaizen, ce qui est différent ici par rapport à d'autres sites que j'ai connu, c'est la continuité dans le mode de management". Le changement ne se fait jamais brusquement même s'il est fréquent, la direction communique souvent vis-à-vis des salariés. Seuls 150 salariés sont syndiqués et l'usine n'enregistre que deux grèves importantes en 15 ans, en 2009 et 2011.5- une flexibilité maximale du temps de travail
Le coût de la main d'oeuvre représente 15% du coût total de la Yaris. Depuis longtemps, l'usine pratique l'over-time, c'est-à-dire la possibilité d'imposer aux salariés un temps de travail supplémentaire qui peut aller jusqu'à 40 minutes par jour. Le jour de notre tournage avec Bertrand Théry et Jean-Paul Papciak, il était de 15 minutes.
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Le samedi matin peut aussi être imposé. D'après les syndicats, cette souplesse, si elle permet de répondre à la demande en temps réel, pose de réels problèmes de contraintes personnelles et de fatigue. Elle s'applique aussi sur des installations malgré tout vieillissantes selon Thomas Mercier, représentant de la CFDT.
Qui travaille chez Toyota?
3579 personnes travaillent chez Toyota aujourd'hui à Onnaing dont 3100 CDI. Si on ajoute les emplois induits, on arrive à 4300 pour TMMF (Toyota Motor Manufacturing France).86% d'hommes et 14% de femmes dont la moyenne d'âge se situe autour de 35 ans et demi (elle est beaucoup plus élevée chez MCA ou Renault dans la région).
L'ancienneté moyenne est de 8 ans : pour une usine qui n'en a que 15, cela donne une idée de la stabilité de la main d'oeuvre.
Le travail était organisé en 3 équipes jusque mai 2013. La direction a supprimé l'équipe de nuit pour répondre à la baisse de la demande.