Franck Ribéry, leader technique de l'équipe de France et favori des bookmakers pour le Ballon d'Or, a échoué à forcer la décision en faveur des Bleus en livrant une prestation quelconque contre l'Ukraine en barrage aller au Mondial-2014, vendredi à Kiev.
La pression de l'enjeu, la résistance de l'adversaire, le froid, ou tout simplement un jour sans ? Toujours est-il que le stade Olympique de Kiev n'a pas vu le Ribéry de ces derniers mois, celui qui fut directement impliqué dans 8 des 13 derniers buts marqués par les Bleus (4 buts, 4 passes décisives) et qui continuait à flamber au Bayern Munich.
La pression, il disait lundi l'avoir "toujours eue", et qu'elle accompagnait naturellement son statut de candidat très sérieux au Ballon d'Or 2013. Cette pression pesait très fort sur ses épaules pour le barrage aller, tellement la France du foot attendait de Ribéry qu'il lui envoie un avant-goût du Brésil depuis l'Europe de l'Est. Avant le match retour et deux buts à remonter, la pression deviendra monumentale.
De fait, le N.7 a rarement trouvé des espaces, gêné par son vis-à-vis, le rugueux Fedetskiy, auquel venaient souvent s'ajouter un ou deux autres joueurs ukraniens. "Quand tu es en forme comme ça, tu n'es jamais en un contre un, tu te retrouves à un contre deux ou trois, ça permet à d'autres joueurs d'être seuls, avait-il avancé lundi. Il faudra faire le bon choix et bien gérer ce genre de situations".
Cela ne lui a pas souri, car les autres éléments offensifs n'ont pas profité de cette attention particulière. Et quand, bien lancé par Nasri, il a enfin semé ses
cerbères, son centre fut contré (16e). C'était d'ailleurs la seule flammèche allumée par les Bleus durant les 45 premières minutes...
Trop seul
Il s'entendait bien avec Evra et Nasri sur le terrain, mais beaucoup moins avec Giroud, qui a raté plusieurs remises ou une-deux lorsque Ribéry le sollicitait. Ce dernier a alterné petits gestes d'énervement et pouce levé valant encouragement. Il s'entend mieux, techniquement aussi, avec son pote Benzema, c'est de notoriété publique."Francky" était visiblement déçu de sa production sur le terrain, un peu d'énervement qui s'est traduit par une prise de bec avec un adversaire à l'issue de la première période. Son ancien coéquipier au Bayern, le remplaçant ukrainien Timoshchuk, est venu le saluer et le calmer.
Après la pause, Ribéry a retrouvé un peu plus d'oxygène et a pris ses responsabilités de leader technique, en demandant les ballons, en venant frayer dans l'axe, en haussant, un peu, son niveau. Mais il faut dire qu'il était bien seul dans ce regain.
Réussira-t-il à renverser la situation pour le match retour ?
Il tente de passer contre deux joueurs, et obtient un corner (50e), puis un coup franc qu'il tire dans le mur (52e), et initie l'action aboutissant à la belle occasion de Nasri (65e). Mais, décidément sans réussite, sa frappe est contrée, et se révèle sans problème pour le gardien (78e), depuis une position similaire à celle d'où il avait expédié un missile en lucarne contre la Finlande (3-0).
Non, décidément, ce n'était pas le jour de la France ni de "Franck". Réussira-t-il à renverser la situation pour le match retour ? Ce sera sa 80e sélection (16 buts), et il a 30 ans; c'est aussi pourquoi le voyage au Brésil lui tient tant à coeur. Et c'est, enfin, dans ce genre d'exercice à quitte ou double qu'on reconnaît l'empreinte des très grands joueurs.