Plusieurs centaines de salariés de La Redoute venus du Nord ont défilé jeudi à Paris jusqu'au siège de leur maison-mère Kering pour défendre leur avenir dans la perspective de la cession de la société de vente à distance, mais sans espoir de rencontrer F.H Pinault, en déplacement à l'étranger.
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Nos journalistes Simond Colaone et Emmanuel Quinart suivent cette journée de manifestation des salariés de La Redoute à Paris au siège de Kering.Tweets concernant "#manifredoute"
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A l'appel de l'intersyndicale CGT-CFDT-SUD-CFE/CGT, environ 400 salariés ont quitté jeudi matin les sites de Roubaix et Wattrelos dans le Nord
pour la capitale. Craignant la suppression d'au moins 700 emplois, ils étaient 1.200 à Lille le 7 novembre.
Le cortège parisien, qui s'est élancé vers 13h00 de la place de Clichy, est arrivé une heure plus tard devant le siège de Kering, situé avenue Hoche, au son des sifflets et des slogans: "zéro, zéro sur le carreau", "Pinault, salaud, le peuple aura ta peau" ou encore "Pinault, voyou, La Redoute est à nous".
L'intersyndicale espérait être reçue par François-Henri Pinault. Toutefois, la direction a fait savoir qu'il était aujourd'hui à l'étranger, un déplacement prévu de longue date, selon celle-ci qui a précisé que la délégation sera reçue par le directeur financier et la directrice des ressources humaines de Kering.
Dans le cortège, Malika Mejdoub, 47 ans dont 22 ans à La Redoute, préparatrice de colis, est venue avec ses collègues "pour avoir des garanties de Pinault sur nos emplois". Son avenir, elle le voit "mal".
"J'ai peur d'être licenciée avec pas grand-chose ou de perdre mon ancienneté si on ne reste pas La Redoute", confiait Lysiane Lecorvic, un écriteau à la main. "Pinault, on va se payer le luxe de ne rien lâcher, ton pognon tu vas le cracher".
Zéro licenciement sec
Les salariés du Nord ont été rejoints par ceux du théâtre Marigny, appartenant à Artémis, la holding de la famille Pinault qui contrôle Kering et où un plan social est engagé. Une dizaine d'entre eux, le visage couvert d'un masque blanc, ont pris place dans le cortège.Brigitte Robert, chef habilleuse depuis 36 ans, a indiqué que les salariés se sentaient "complètement abandonnés". "En juin, on nous a proposé un reclassement à La Redoute ou encore d'aller faire les vendanges dans les châteaux de Pinault".
Des propositions qui ne la satisfont pas car ce théâtre situé sur les Champs-Elysées est "toute (s)a vie". "On veut continuer à y travailler" et "on a le sentiment qu'on veut se débarrasser de nous". "C'est comme une famille qu'on disloque", a confié France Marec, qui travaille
au théâtre depuis 10 ans.
Où en sont les négociations ?
Une réunion s'est tenue mardi à Roubaix entre syndicats et direction, la première depuis l'intervention le 29 octobre du directeur financier de Kering sur la cession en cours de la société de vente à distance et la perte redoutée d'au moins 700 emplois. Mais elle n'a pas adouci les ardeurs des syndicats."On veut que ce soit Kering qui mette l'argent nécessaire pour garantir le fait qu'il y ait zéro licenciement sec et qu'il y ait des garanties de salaires sur
la durée", a affirmé Fabrice Peeters (CGT), qui parle de la réunion "la plus inutile de toute [s]a vie".
Il s'agissait pour Kering de poursuivre les discussions sur les mesures sociales mises en place dans le cadre de la modernisation du vépéciste et de la cession à un repreneur, et sur les garanties d'accompagnement et de reclassement. Lors de cette réunion, il a par ailleurs été fait part aux syndicats qu'un troisième intéressé s'était fait connaître tardivement. Le nom du repreneur devrait être connu avant la fin de l'année.
"Le repreneur (...) ce n'est pas vraiment notre souci. La Redoute a déjà été rachetée et revendue dans son histoire", note Fabrice Peeters.
Le groupe de vente par correspondance emploie de 2.400 à 2.600 salariés en France et environ 900 à l'étranger.