De leur propre aveu "complètement allumés", au sens propre comme au figuré, Jessy et Virginie allument chaque soir de décembre leur "Las Vegas", un concentré de kitsch de Noël attirant des centaines de curieux dans leur maison de Paillencourt (Nord).
Chaque soir à 17H00 précises, Jessy et Virginie Kazmierski, respectivement 32et 27 ans, poussent l'interrupteur qui transforme jusqu'à 20H leur maison et leur jardin surplombé d'un large néon "Las Vegas" en un extravagant "grand n'importe quoi" fait de centaines de lumières, pères Noël, crèches, couronnes et animaux en tous genres.
Deux kilomètres d'illuminations sur les façades et la toiture, 369 guirlandes au total, une trentaine de pères Noël dans la grange attenante, des dizaines de peluches : une "belle petite collection" au kitsch assumé, réalisée, explique Virginie, "grâce à des achats compulsifs" et avec pour seul budget "ce qui reste sur le compte".
Au total, les jeunes mariés dépensent chaque année 2.000 à 2.500 euros en matériel. L'électricité, qui dépend du compteur "spécial Noël" qu'ils ont fait installer, ne leur coûte, assurent-ils, que 110 euros pour le mois.
Pas question pour autant de faire payer un droit d'entrée aux centaines de badauds qui affluent chaque semaine, essentiellement de la région, pour parcourir le jardin et la grange - "sept à huit cents personnes rien que dimanche 22, on aurait cru que les gens arrivaient par bus", s'enthousiasme Jessy.
"On fait ça pour notre plaisir à nous et pour voir le sourire des gens", explique le jeune homme, qui travaille à domicile en tant que famille d'accueil pour quatre enfants. "Une personne âgée m'a dit qu'elle n'aurait jamais pensé avoir l'occasion de voir ça. On a pleuré toutes les deux, c'est mon souvenir 2013", renchérit Virginie.
"Une belle petite folie"
Jessy a commencé à s'adonner à sa "passion" il y a treize ans, à Douchy-les-Mines, parce que sa mère "ne faisait jamais de grand Noël". "A Douchy, on s'est tapé les écologistes qui nous on dit qu'on détruisait les étoiles", se rappelle-t-il. Rien de tel depuis que le couple s'est installé à Paillencourt,il y a deux ans, même si quelques villageois voisins ne semblent pas enthousiasmés des allées et venues occasionnées par "Las Vegas".
Stan et son cousin Douglas, deux garçonnets surexcités, font le tour de la grange en s'extasiant sans discontinuer devant "les petites lumières", pour Stan, et "le père Noël géant", pour Douglas.
"Y a des heures de boulot, aïe, aïe, aïe !", note, impressionné, Didier, venu de Cambrai avec son épouse Marie-Rose. "On sait qu'on est cinglés, on sait qu'on est complètement fous", répète en riant Jessy, bonnet de père Noël sur la tête. "C'est dingue, mais c'est une belle petite folie", réplique une visiteuse en quittant les lieux.
"On est des gens très timides, on n'est pas sociables. On n'arrive pas à aller vers les gens mais là, ils viennent. A partir de janvier, on n'a plus d'amis", s'amuse encore Jessy.
Noël, chez les Kazmierski, dure cinq mois : septembre, octobre et novembre pour l'installation, décembre pour l'exposition, janvier pour tout décrocher. Et à l'évidence, ça ne va pas s'arranger. "On est toujours insatisfaits", explique Jessy, "on pense qu'il faut toujours en rajouter".