En 2008, le PS l'avait largement emporté au 1er tour des municipales à Tourcoing en provoquant la surprise face à Christian Vanneste. Ce scénario peut-il se reproduire en 2014 dans un contexte national plus difficile pour la gauche et un candidat UMP aux aguets, le député Gérald Darmanin ?
Tourcoing peut-elle basculer à droite aux prochaines élections municipales? C'est la conviction de l'UMP qui a misé sur le député de la 10ème circonscription Gérald Darmanin, benjamin de l'assemblée nationale lors de son élection en 2012 et conseiller municipal, proche de Xavier Bertrand et David Douillet dont il fut le directeur de cabinet lorsqu'il était ministre des sports. Agé de seulement 31 ans, il a vécu à Tourcoing lors de ses études à Sciences Po Lille.Son adversaire, Michel-François Delannoy, de 20 ans son aîné, 1er vice-président de Lille Métropole et conseiller régional est souvent exposé sur des dossiers sensibles comme l'emploi ou la question des Roms. Mais lui ne croit pas au risque de bascule : "On nous l'avait déjà prédit en 2001 et même en 2008 où je l'ai emporté dès le 1er tour, alors ce genre d'affirmation nous fait plutôt sourire ou en tous les cas nous stimule."
Des thèmes de campagne très différents
A l'UMP, le candidat n'hésite pas à nationaliser sa campagne : "Les municipales sont l'occasion de donner un carton rouge au PS". Parmi les priorités du programme, la sécurité dans les transports publics, la propreté de la ville et une baisse des impôts locaux de 2%.Une baisse jugée irréaliste par le maire sortant, Michel-François Delannoy : "si on regarde leur programme, il manque 30 millions d'euros pour financer ces promesses". Soutenu par le parti communiste et le Modem, la liste socialiste affiche d'autres priorités : l'éducation, (60% des investissements y seront consacrés), l'emploi et le logement.
Les impôts comme point de friction
Le candidat UMP a retenu la leçon du "ras-le-bol fiscal" après le cafouillage gouvernemental de 2013 et annonce une baisse de 2% de la fiscalité locale. Baisse jugée déraisonnable par le maire sortant qui ne cache pas que les investissements seront revus à la baisse pour le prochain mandat : 72 millions d'euros contre 120 millions investis entre 2008 et 2012. Il annonce par contre plus d'effort dans la capacité d'autofinancement de la ville qui ne présente pas les meilleurs indicateurs en la matière.Les extrêmes qui brouillent les cartes
Jean-François Bloc, encarté au Front National depuis 2010, simple adhérent est un candidat inattendu à plus d'un titre. Agé de 70 ans, énarque et sous-préfet à la retraite, il ne joue pas sa campagne sur les thèmes attendus par son parti mais sur la lutte contre la misère et pour le logement.A l'extrême-gauche, si le parti communiste a rejoint la liste du maire sortant, une partie des militants du NPA ou du milieu associatif ont décidé d'investir William Roger, enseignant, en tête de la liste du front de résistance populaire de gauche. Pour lui, l'Etat doit venir en aide à Tourcoing en lui versant une dotation spécifique compte tenu de sa situation sociale. Dans un récent classement, Tourcoing se classe au 25ème rang des villes les plus pauvres parmi 100 retenues.
Pour en savoir plus, suivez le débat spécial de 52 minutes ce samedi dans la Voix est libre, à 11h qui opposera les candidats déclarés à Tourcoing et Calais.
La gauche confortée par les derniers scrutins à Tourcoing
Aux dernières municipales, en 2008, le parti socialiste avait créé la surprise en l'emportant dès le 1er tour avec 53,33% des voix.Christian Vanneste ne récoltait que 30,71% des voix pour l'Ump, 8,46% pour le centre-Modem mené par Michel Van Tichelen et 7,26% pour l'extrême droite de Christian Baeckeroot.
L'absention de 53,88% était très élevée.
Aux dernières législatives de 2012, dans la 10ème circonscription, Tourcoing s'était prononcé à 44,34% pour l'UMP et 55,66% pour le PS.
A la dernière présidentielle, François Hollande a récolté 55,49% des voix au second tour contre 44,61% pour Nicolas Sarkozy.