Belgique : le succès des bières trappistes ne monte pas à la tête des moines

"Ora et labora" ("Prie et travaille" en latin) est plus que jamais la devise des moines trappistes qui gardent la tête froide face à l'engouement phénoménal pour leurs bières de caractère.

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Qu'elles soient blondes, ambrées ou brunes, les bières trappistes s'arrachent en Belgique, leur pays d'origine, mais aussi en France, aux Etats-Unis et dans le reste du monde. "La demande excède l'offre et progresse partout dans le monde", se félicite François de Harenne, porte-parole de l'Association internationale trappiste. "Et pourtant, nous n'avons jamais cherché à pousser nos ventes".

Si les brasseries d'Orval, Chimay, Westmalle, Rochefort ou Westvleteren ont aujourd'hui "la tête au plafond", c'est avant tout grâce à la qualité reconnue de leurs bières typées de fermentation haute. Celle de Westvleteren, produite dans l'ouest de la Belgique, est sacrée "meilleure bière du monde" depuis plusieurs années.

"Les trappistes ont une histoire à raconter, ce qui plaît aux amateurs d'aujourd'hui, qui sont de mieux en mieux informés", explique Thierry Fourneau, directeur de la brasserie de l'abbaye de Rochefort. "Le caractère religieux de nos bières rassure car il est considéré comme un gage de qualité et d'authenticité", ajoute M. de Harenne.

Pour les bonnes oeuvres

Pour qu'une bière soit considérée comme trappiste, elle doit respecter de strictes conditions: être brassée au sein d'une abbaye de l'Ordre Cistercien de la Stricte Observance (règle de Saint Benoît), sous la supervision des moines, et une partie des bénéfices doit être consacrée à des oeuvres sociales. Les moines de Rochefort distribuent ainsi un million d'euros par an, sur un chiffre d'affaires de sept millions, "aux familles en détresse des environs, aux missions et à d'autres monastères dans le besoin", témoigne Père Luc, le prieur. "Faire des bénéfices n'est en aucune façon une fin en soi. Nous brassons pour assurer la subsistance de notre abbaye et venir en aide à autrui", résume-t-il.

Les bières trappistes s'arrachent dans le monde entier. © MaxPPP

Seule brasserie trappiste hors d'Europe, le monastère de Spencer, établi dans le Massachusetts (nord-est des Etats-Unis) s'est lancé dans la bière afin de trouver les revenus nécessaires pour faire face à l'augmentation des frais de santé de ses 68 moines.

Manque de main d'oeuvre ?

Implantée dans une tranquille vallée des Ardennes belges, l'abbaye de Rochefort ne compte plus que 13 moines, âgés de 40 à 80 ans, alors qu'ils étaient 80 dans les années 1930. Une quinzaine de civils sont donc employés pour faire fonctionner la brasserie et produire 40.000 hectolitres de bière par an. C'est notamment en raison du recul continu du nombre de moines que les abbayes n'augmentent qu'avec grande prudence leurs capacités de production. "On ne peut pas imaginer de grandes brasseries avec de petites communautés religieuses. Le respect de nos principes passe avant tout", souligne François de Harenne. Pour assurer l'avenir, Rochefort espère attirer des moines étrangers, venant notamment des abbayes françaises aux effectifs plus fournis. La production des dix brasseries trappistes culmine à 460.000 hectolitres par an, dont 170.000 pour la seule Chimay.

L'abbaye de Rochefort, en Belgique, produit 40.000 hectolitres de bière par an. © MaxPPP

Le Benelux reste de loin le premier marché, mais la demande progresse à l'export. "Nous sommes  malheureusement obligés de dire non aux nouveaux acheteurs la plupart du temps", dit Benoît Minet, chargé commercial à Rochefort. Orval se refuse aussi à s'engager sur de nouveaux marchés et limite les volumes livrés à ses clients pour ne pas être en rupture de stocks. Bière trappiste la plus recherchée mais rare (4.800 hectolitres produits par an), Westvleteren n'est vendue qu'à l'abbaye avec une pré-commande obligatoire par téléphone. "La meilleure bière du monde" s'était arrachée lorsqu'elle avait été vendue exceptionnellement par une enseigne belge de supermarchés pendant une semaine en 2011, les moines ayant besoin de fonds supplémentaires pour rénover leur monastère.

Après avoir accueilli deux nouvelles brasseries fin 2013, l'Association des bières trappistes n'envisage pas de nouvelles adhésions dans le court terme. Celle qui s'en rapproche le plus est l'abbaye française du Mont des Cats, qui commercialise une bière à son nom mais ne peut arborer le logo "trappiste" car elle n'est pas brassée dans ses propres bâtiments, mais dans les installations de Chimay.
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