Dix-huit délégués CFDT de La Redoute ont annoncé lundi leur démission du syndicat, mécontents que la CFDT ait paraphé lundi dernier l'accord de la direction sur le plan social sans passer par un référendum.
"Dix-huit délégués CFDT sur vingt-cinq" ont démissionné, a indiqué Nora Miloudi, secrétaire du comité d'entreprise de l'ancien fleuron de la vente à distance et démissionnaire.Dans un communiqué, ces délégués "regrettent" la signature de l'accord lundi 24 mars par le délégué central Jean-Claude Blanquart, dans les locaux de l'union régionale à Lille, alors qu'eux-mêmes sollicitaient "un référendum à l'échelle de l'entreprise avant toute décision".
Après plusieurs ultimatums lancés par la direction, la CFDT, premier syndicat à La Redoute, avait fini par signer le protocole d'accord sur les mesures sociales accompagnant le plan de modernisation des futurs repreneurs pour sauver l'entreprise du "dépôt de bilan", malgré l'opposition de nombreux salariés.
Les délégués et de nombreux syndiqués de la base avaient, jeudi 20 et vendredi 21 mars, rappelé à la fédération leur opposition au protocole d'accord "en l'état". L'avocat du comité d'entreprise, Me Mario Califano, a ensuite obtenu des aménagements du protocole d'accord - notamment le report à plus tard des discussions sur une nouvelle organisation du travail et l'assurance que la fiducie où seront placés les 180 millions d'euros destinés à financer les mesures sociales sera maintenue jusqu'en 2024 au moins.
"Problème de démocratie"
Les délégués démissionnaires, qui continuaient à juger le protocole d'accord insuffisant malgré ces avancées et réclamaient toujours un référendum, dénoncent "un problème de démocratie" au sein de la CFDT et "un échec de la fédération" régionale, selon Mme Miloudi.
"Nous regrettons qu'à la CFDT la décision de la veille n'est plus celle du lendemain. Nous ne pouvons pas cautionner un syndicalisme régi par la pensée unique où la démocratie et la loyauté n'ont plus leur place", écrivent-ils.
"Ils ont fait un choix que je respecte", a répondu le délégué central Jean-Claude Blanquart, interrogé, arguant qu'il n'était "pas possible d'organiser un référendum" lundi dernier et rappelant que la section CFDT de La Redoute avait fini par voter la signature du protocole d'accord. "Il va falloir reconstruire une nouvelle CFDT avec des gens qui sont plus positifs", a-t-il ajouté.
L'actionnaire Kering (ex-PPR) a engagé la cession de La Redoute à Nathalie Balla et Eric Courteille, respectivement PDG de La Redoute et secrétaire général de sa maison mère Redcats, pour se recentrer sur le luxe. Ces derniers ont annoncé le 9 janvier la suppression de 1.178 des 3.437 postes de La Redoute sur quatre ans.