Mercredi soir, à Hénin-Beaumont se tenait le conseil municipal. Un conseil agité par la question du local de la LDH, jusque là prêté gracieusement par l'ancienne municipalité. Le FN envisage de demander des loyers à titre rétroactif.
Mardi dernier, Steeve Briois, le nouveau maire FN d'Hénin-Beaumont a annoncé sa décision d'expulser la Ligue des droits de l'Homme (LDH) du local prêté par la mairie. En conflit avec l'association, qu'il juge politisé et qui avait mené une campagne contre l'extrême droite avant les Municipales, l'élu estimait qu'il étai illégal de lui accorder une subvention et le prêt d'un local.
Interpellé sur le sujet mercredi, son adjoint aux finances est allé plus loin. D'après la Voix du Nord présente sur place, Jean-Richard Sulzer a déclaré "M.le maire, je demande que vous entriez en procédure du recouvrement dû par cette association. On peut évaluer le loyer à 600 € par mois en y incluant les charges, soit 72 000 euros sur dix ans, mais comme il y a prescription au-delà de 5 ans dans ce type de recouvrement, c’est 36 000 € que vous devez émettre soit sur la section d’Hénin, soit sur la Ligue nationale ! Je vous invite d’ailleurs, s’il y a débat, à saisir le procureur financier ! ».
La section LDH d'Hénin-Carvin n'a pas à elle seule les moyens de payer cette facture. Pour Pierre Tartakowsky, le président de la LDH au niveau national, interviewé par Europe 1, il s’agit bien d’une volonté politique. "Il y a une espèce d’acharnement qui confirme complètement que l’expulsion de la Ligue des droits de l’Homme d’Hénin s’inscrit dans un projet politique de harcèlement d’une association qui n’a pas cherché à faciliter la vie du Front national",
Au sein même du FN, cette décision pose question. Dans Libération, Gilbert Collard a pris ses distances avec cette décision : «Je n’aurais pas viré la LDH, a affirmé le député apparenté FN du Gard. Je lui aurais demandé de signer un bail et de payer. Si elle ne signe pas le bail, si elle ne paye pas, elle n’a pas de raison d’être privilégiée par rapport à d’autres associations.», ajoutant : «Sur la question de principe, je ne l’aurais pas fait pour ne pas donner du grain à moudre à ceux qui veulent nous réduire en poussière fascisante.»