Le préfet du Pas-de-Calais Denis Robin vient d'annoncer la destruction la semaine prochaine ou la suivante des trois camps de migrants installés depuis un an environ à Calais.
Trois campements de migrants avaient vu le jour depuis quelques mois à Calais. Ils vont être démontés dans les jours à venir. Le préfet a mis en avant des raisons sanitaires car les camps seraient à la veille d'une épidémie de gale et un accroissement du nombre de migrants. "Il est hors de question qu'on favorise la mise en place d'une jungle", a déclaré M. Robin lors d'un point de presse organisé à la sous-préfecture de Calais, à l'issue d'une réunion avec des associations.
Un reportage d'Yves Asernal et Emmanuel Quinart
Entre 800 et 850 migrants sont actuellement présents dans le Calaisis, dont 600 à 650 pour la seule zone portuaire de Calais, avec comme "unique objectif, passer en Angleterre", a estimé le préfet. "Devant cette concentration de plus en plus forte sur les squats du domaine public portuaire, devant cette violence de plus en plus notable entre les réseaux et les problèmes d'insalubrité, nous sommes obligés de veiller à l'ordre public", a-t-il expliqué, en mentionnant notamment "l'apparition de rongeurs".
Ce démantèlement, -qui concerne le campement dit des Syriens, situé à l'entrée du port de Calais, le campement dit des Africains, situé sur le quai de la Gironde, au bord d'un canal, ainsi qu'un campement situé place Henri Barbusse,- sera "accompagné d'une prise en charge et d'une mise à l'abri des migrants les plus fragiles", notamment les mineurs et les femmes, a souligné M. Robin. Un plan d'intervention en urgence pour éradiquer une épidémie de gale, qui touche de 20 à 25% des migrants installés dans les camps, va également être lancé, en liaison avec l'Agence régionale de santé (ARS), "sur la base du volontariat", a-t-il indiqué.
Depuis le début de l'année, les autorités portuaires ont intercepté quelque 3.000 migrants, contre 300 à la même période en 2013, selon la sûreté du port de Calais.
"Hypocrisie" pour les associations
Pour l'abbé Jean Boutoille, bénévole auprès des migrants, ancien porte-parole de l'association la Belle Etoile, c'est une "décision hypocrite". Il ne voit pas comment il serait plus hygiénique pour les migrants de dormir dehors sous la pluie, que sous une tente. Pour lui, le problème est récurrent depuis la fermeture de Sangatte il y a 12 ans, les camps sont régulièrement démantelés, sans réelle solution. Il reconnaît toutefois une aggravation de la situation depuis quelques semaines, il y a un pic d'arrivées de migrants ce qui espace les possibilités de prendre une douche et diminue les quantités de nourriture pour chacun...