Un groupe de migrants des campements évacués à Calais a remis vendredi une lettre de "demandes" adressée au préfet du Pas-de-Calais qu'ils ont invité à discuter de solutions à apporter à leur situation, ont rapporté des associations d'aides aux migrants.
De nombreux migrants occupent depuis mercredi, et l'évacuation des principaux camps de Calais, le lieu de distribution des repas, avec l'autorisation du préfet Denis Robin donnée pour 48 heures. Environ 200 d'entre eux, sur les 550 que comptaient ces camps avant leur évacuation, ont encore passé la nuit de jeudi à vendredi dans le centre géré par une association.
"Toutes les communautés se sont réunies et ont décidé de s'unir pour trouver une solution à notre situation. Nous ne voulons plus vivre comme des animaux mais comme des être humains normaux et avoir accès à des conditions de vie dignes peu importe que nous ayons ou non des papiers", écrivent les migrants selon une copie de la lettre livrée par l'association Passeurs d'Hospitalités. La lettre a été déposée à la sous-préfecture de Calais.
Ils y réclament des maisons à Calais pour les migrants et les demandeurs d'asile, "avec des conditions d'hygiène respectable" et "à l'abri des contrôles policiers". Ils souhaitent également avoir accès à trois repas par jour ainsi que des négociations entre la France et le Royaume-Uni, destination finale visée pour la plupart d'entre eux. Jeudi, interrogé par France Bleu Nord, Denis Robin avait indiqué qu'il ne prévoyait pas de nouvelle expulsion vendredi pour les migrants installés à Calais sur la zone de distribution des repas. Contactée vendredi par l'AFP, la préfecture n'a pas souhaité s'exprimer.
Sur place, l'ambiance est "plutôt calme", a rapporté Cécile Bossy, de Médecins du Monde. "Tout le monde cherche à comprendre les positionnements des uns et des autres et trouver une solution correcte à cette situation extrêmement complexe", a-t-elle ajouté. Le principal problème était de trouver un terrain où les migrants pourraient s'installer, a-t-elle précisé.La lettre en intégralité
"Monsieur le Préfet,
Nous vous invitons à venir nous rencontrer pour discuter des solutions à apporter à notre situation. Vous trouverez ci-dessous nos demandes.
Dans l’attente, nous vous prions d’agréer l’expression de nos sincères salutations.
Les exilés présents à Calais.
Nous, les migrants sans abris de Calais, occupons le lieu de distribution alimentaire. Toutes les communautés se sont réunies et ont décidé de s’unir pour trouver une solution à notre situation. Nous ne voulons plus vivre comme des animaux mais comme des être humains normaux et avoir accès à des conditions de vie dignes peu importe que nous ayons ou non des papiers.
Nous sommes tous venus en Europe pour demander l’asile et nous avons des raisons pour le faire dans le pays de notre choix. La grande majorité d’entre nous souhaite faire cette demande en Angleterre. Ceux qui ne sont pas encore convaincus, après être restés à Calais pendant quelques temps et avoir vécu ces conditions de vie indignes et vu le traitement réservé aux demandeurs d’asile, ne veulent pas vivre en France.
Nous ne pouvons plus accepter que des chiens soient mieux traités que nous et nous ne partirons pas d’ici tant que nous n’aurons pas la garantie d’avoir accès à des conditions de vie dignes d’êtres humains. Nous resterons et résisterons ici, ensembles et visibles, jusqu’à ce que nos revendications soient entendues. Nous souhaitons vous rencontrer pour vous faire part de nos exigences qui sont les suivantes :
- Des maisons à Calais pour tous les migrants qui souhaitent se rendre en Angleterre et les demandeurs d’asile forcés de vivre à la rue
- Des maisons avec des conditions d’hygiènes respectables : toilettes, douches, service de poubelle
- Des maisons où l’on peut aller et venir à n’importe quelle heure pour pouvoir continuer d’essayer de passer en Angleterre
- Des maisons à l’abri des contrôles policiers, de ses mauvais traitements et des expulsions
- Avoir accès à trois repas par jour
- que des négociations soient ouvertes entre la France et le Royaume-uni pour que les personnes aient accès au territoire britannique."