Le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, a annoncé lundi l'arrivée de 40 policiers supplémentaires pour "améliorer la protection" du port de Calais, d'où plusieurs centaines de migrants tentent de passer chaque jour en Angleterre.
"J'ai obtenu des renforts supplémentaires sur le port de Calais pour améliorer la protection et assurer une surveillance sur la totalité de la nuit, ce qui n'était pas le cas jusqu'à présent", a déclaré le préfet lors d'un point presse.Une demi-compagnie de CRS, soit environ 40 policiers, est affectée depuis la nuit de dimanche à lundi sur la zone portuaire, en complément de deux autres demi-compagnies, a-t-il précisé.
Cette mesure vise à endiguer "la pression migratoire extrêmement forte sur le port de Calais", alors que les candidats à l'exil, qui recherchaient auparavant "la plus grande discrétion" dans leur tentative de passage en Angleterre, "opèrent maintenant directement sur les rocades d'accès du port et en très grand nombre, essayant peut-être de saturer les dispositifs de sécurité mis en place", a expliqué M. Robin.
L'augmentation du nombre de migrants, "de l'ordre de 50% en quelques mois", entraîne "une augmentation de l'insécurité, pour les migrants eux-mêmes", a-t-il déploré, citant en exemple une rixe entre "100 et 150 personnes" qui a fait 13 blessés légers dans la nuit de dimanche à lundi, "peut-être pour des logiques de territoire".
La rixe a éclaté dans la zone industrielle des Dunes, à proximité de l'usine Tioxide, squattée par plusieurs centaines de migrants et qui fait l'objet, tout comme un autre squat de la ville établi depuis le 12 juillet sur un ancien site de recyclage de métaux, d'une décision de justice ordonnant son évacuation.
Pas d'évacuation dans l'immédiat
Le préfet, qui a accordé aux huissiers le concours de la force publique, a dit lundi qu'il ne déclencherait pas dans l'immédiat l'opération d'évacuation des deux sites reconstitués à la suite de précédents démantèlements, souhaitant donner "un temps supplémentaire" de réflexion aux migrants pour qu'ils sortent "de leur situation d'errance".
Les services de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) et de la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) se rendront dans les deux squats "dès demain (mardi), vendredi prochain et les mercredis des semaines qui suivent" pour présenter les dispositifs existants aux migrants, comme le droit d'asile, l'hébergement d'urgence ou une aide au retour dans leur pays d'origine, et "ce n'est qu'ensuite que je procèderai au démantèlement", a assuré le préfet.
Outre les tensions entre communautés et entre migrants et chauffeurs de poids-lourds, la "pression migratoire" présente un "risque" d'une baisse de "l'attractivité du port de Calais" et de l'activité économique, a estimé M. Robin, qui a appelé les opérateurs économiques et la mairie à prendre aussi leurs
"responsabilités" pour sécuriser la zone portuaire.
Entre 1.200 et 1.300 migrants, majoritairement originaires d'Afrique de l'Est, sont actuellement présents à Calais, a indiqué le préfet. Selon les chiffres officiels, près de 7.500 clandestins, majoritairement africains, ont été interpellés depuis le début de l'année alors qu'ils tentaient d'embarquer clandestinement pour la Grande-Bretagne, considérée comme un Eldorado.