Après un seul titre de champion d'Angleterre lors des huit dernières saisons, toutes dominées par les deux clubs de Manchester, Londres, avec Chelsea et Arsenal, veut de nouveau dominer le football anglais, alors que Tottenham souhaite jouer les trouble-fête.
La Premier League, championnat le plus riche, le plus populaire et le plus médiatisé dans le monde, reprend ses droit ce samedi. Manchester City et Manchester United ont remporté sept des huit derniers titres de champion et les clubs londoniens - Chelsea, Arsenal et Tottenham - sont à la traîne. L'an passé, Liverpool, ville voisine de Manchester, est même passé devant, confirmant la domination du nord-ouest du royaume.
Chelsea renforcé
La bataille nord-ouest contre sud devrait atteindre son apogée cette saison. Car cette fois, les clubs de la capitale se rebiffent. En commençant par Chelsea, l'équipe de l'ex-Lillois Eden Hazard. Les Blues de José Mourinho ont été les principaux acteurs du marché des transferts. Après avoir laissé partir Juan Mata en janvier et David Luiz en juin, le tout pour plus de 90 millions d'euros, ils avaient les fonds disponibles, même en temps de fair-play financier, pour se reconstruire une machine de guerre prête à récupérer le titre de champion. Mourinho, qui répète toujours que dans chaque club où il est passé sa seconde saison est toujours meilleure que la première, avait ciblé quatre postes où se renforcer, et on peut dire qu'il ne s'est pas manqué ! En attaque, Diego Costa étincelant avec l'Atletico Madrid l'an passé est arrivé, avec le revenant Didier Drogba. Au milieu, Cesc Fabregas a pris la place de Lampard, en fin de contrat et non conservé. Derrière, Felipe Luis, très convaincant lui aussi avec l'Atletico Madrid, a remplacé Ashley Cole, également non conservé. Et dans les buts, le Belge Thibaut Courtois est revenu de son prêt à Madrid avec l'étiquette d'un des cinq meilleurs au monde à son poste ! Plus que jamais, cette équipe porte l'ADN de Mourinho: très solide, qui ne prend pas de buts et évolue en contre. Et si elle n'est pas championne, elle n'en sera pas loin.
Arsenal prometteur
Arsenal, de son côté, présente pour la première fois depuis longtemps, une équipe avec la griffe d'Arsène Wenger. Les recrues estivales (surtout Alexis Sanchez) ont encore apporté du flair à un effectif qui n'en manquait déjà pas (Cazorla, Ramsey, Özil) et l'espoir de voir les Gunners renouer avec le titre suprême pour la première fois depuis 2004 est de nouveau là. C'est à coup sûr le meilleur effectif de l'Alsacien depuis celui des Invincibles de 2004 et le retour imminent de Theo Walcott est également une excellente nouvelle. Il lui manque cependant peut-être un pur milieu de terrain défensif, car ni Arteta ni Flamini ne sont au niveau, et un défenseur central de métier, pour remplacer Vermaelen (parti à Barcelone), pour être totalement compétitif. Mais comme on l'a vu lors du Community Shield le week-end dernier, les partenaires de Laurent Koscielny sont prêts et gonflés à bloc. Et ils surfent encore sur la dynamique de la Coupe d'Angleterre remportée l'an dernier, premier trophée depuis 2005, et vrai déclic.
En chez les rivaux "historiques" de Tottenham, on a décidé de tout changer, encore une fois. L'instabilité du voisin honni d'Arsenal est telle que son histoire récente ressemble à un éternel recommencement. Après Villas Boas et Sherwood l'an dernier, c'est Mauricio Pochettino qui s'y colle cette saison. L'Argentin est un technicien très prometteur mais la tache, qui sera d'exister au milieu des gros et de finir dans le Top 4, sera très difficile à réaliser. Il a néanmoins convaincu Lloris et Vertonghen de rester et s'il n'a pas encore vraiment recruté (Vorn, Davies), c'est parce qu'il veut beaucoup
vendre en premier.
Manchester peut-elle conserver son leadership ?
Du côté des clubs macuniens, Manchester City, champion en titre, a mal débuté sa saison avec une lourde défaite face à Arsenal dans le Community Shield (3-0). L'équipe Manuel Pellegrini ne semble pas prête, à l'image d'un Yaya Touré inexistant le week-end dernier. Les bons Mondialistes (Kompany, Agüero, Zabaleta, Sagna) ont repris tard l'entraînement et ne seront pas au point physiquement. Défensivement, Joe Hart et ses partenaires ont montré des faiblesses inquiétantes cet été. Comme le Paris-Saint-Germain, City est dans le collimateur de l'UEFA et doit se conformer aux règles du fair-play financier, ce qui ne l'a pas empêcher de débourser 53.8 millions d'euros pour s'attacher les services du jeune défenseur international français du FC Porto Eliaquim Mangala.
Chez le voisin de Manchester United, l'heure est à la reconstruction. En engageant l'exigeant Louis Van Gaal, auréolé d'une 3e place au Mondial avec les Pays-Bas, et en ouvrant son carnet de chèques, les Red Devils ont vite voulu tourner la catastrophique page David Moyes et espèrent retrouver les sommets, même si le Néerlandais prévient que cela prendra du temps et beaucoup d'efforts. Van Gaal sait qu'après l'épisode Moyes, il lui faudra des résultats immédiats et un jeu séduisant, surtout à domicile. Mais il est prêt. Il a rarement échoué dans sa carrière d'entraîneur et ce n'est pas maintenant qu'il va commencer, dit-il. Pour cela, il n'a pas hésité à (presque) tout changer. Un nouveau système tactique (le 3-5-2 très à la mode en Europe en ce moment), un nouveau capitaine dont on ne connaît pas encore officiellement le nom (Evans, Rooney, Van Persie?), des pelouses toutes neuves au centre d'entraînement, de nouvelles méthodes, avec notamment des caméras partout pour analyser chaque mouvement des joueurs, une nouvelle discipline de fer et un large renouvellement de l'effectif. Patrice Evra, Rio Ferdinand et Nemanja Vidic sont partis. Hernandez, Rafael, Fellaini, Nani et Anderson ne sont plus les bienvenus et devraient suivre. Luke Shaw et Ander Herrera sont arrivés, le premier de Southampton pour 33,8 millions d'euros, le second de l'Athletic Bilbao pour 36 millions. Juan Cuadrado est attendu, comme peut-être Arturo Vidal, Angel Di Maria ou Daley Blind. Les Red Devils ne joueront pas de Coupe d'Europe cette saison, ce qui leur laissera plus de temps pour travailler pendant que les autres joueront tous les trois jours. Ce ne sera peut-être pas suffisant pour se mêler à la course au titre, mais cela devrait suffire pour redorer l'image.
Liverpool sans Suarez
Passé tout près d'un premier titre de champion d'Angleterre depuis 24 ans la saison dernière, dans le sillage d'un Luis Suarez de génie, Liverpool doit réapprendre, de son côté, à vivre et à gagner sans son attaquant uruguayen, parti au FC Barcelone pour 94 millions d'euros. Un seul être vous manque... Pour la deuxième année de suite, la Premier League a perdu son joueur de l'année. Après Gareth Bale, passé de Tottenham au Real Madrid en août 2013, c'est donc Luis Suarez (27 ans, 31 buts en championnat l'an passé) qui a quitté Liverpool. Si les fans des Reds se souviennent à quel point l'après Bale a été compliqué (et décevant) chez les Spurs, malgré les 91 millions d'euros reçus pour son transfert, ils ont de quoi être inquiets.
Malgré la jurisprudence Tottenham, qui avait recruté huit joueurs à l'été 2013, Liverpool a également utilisé le fruit de la vente du "Pistolero" pour se montrer très actif sur le marché des transferts. Lambert, Lallana, Lovren, Manquillo, Can, Markovic et Origi (prêté depuis à Lille) sont arrivés, et Moreno est en chemin. Le tout pour plus de 120 millions d'euros, et ce n'est pas fini puisque le manager Brendan Rodgers cherche encore un joueur offensif (Eto'o et Cavani ont été cités par les médias anglais) et un milieu de terrain défensif (le nom de Xabi Alonso circule également). Avec Suarez parti et Gerrard sur le déclin, à 34 ans, Brendan Rodgers joue gros. Le technicien a en effet beaucoup à perdre. Il est encore difficile de cerner si le succès des Reds la saison dernière était avant tout dû à l'incroyable talent de Suarez, au sens tactique de Rodgers, ou à un peu des deux. Sans leur talisman, le club de la Mersey avance dans l'inconnu. Suarez apportait de la folie au système très organisé de Rodgers. Sans lui, Liverpool est plus prévisible offensivement et ses adversaires auront retenu les leçons de l'an passé. Alors, c'est vrai que la pré-saison a été très encourageante, avec notamment la démolition du Borussia Dortmund (4-0) dimanche dernier à Anfield comme dernier match amical avant le début de la Premier League. C'est vrai que Coutinho et Sterling ont déjà l'air en grande forme et que Lovren a déjà trouvé ses marques en défense. C'est vrai aussi que le départ de Suarez va libérer Sturridge, qui cette fois est le seul patron devant. Mais la compétitivité et l'intensité de la Premier League seront aussi bien différentes de celle des rencontres amicales de juillet...
Premier League : programme de la 1ère journée
Samedi:(11h45) Manchester United - Swansea
(14h00) Leicester - Everton
Stoke - Aston Villa
West Ham - Tottenham
West Bromwich - Sunderland
Queens Park Rangers - Hull
(16h30) Arsenal - Crystal Palace
Dimanche:
(12h30) Liverpool - Southampton
(15h00) Newcastle - Manchester City
Lundi:
(19h00) Burnley - Chelsea