Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a déclaré jeudi à l'AFP ne pas être favorable à l'ouverture d'un centre pour migrants à Calais, comme le demande la maire de la ville, Natacha Bouchart, pour éviter d'attirer davantage d'exilés.
"Je ne veux pas créer un centre d'accueil qui soit un nouveau point de convergence des migrants", a dit Bernard Cazeneuve en marge d'un déplacement à Rome, première étape d'une tournée européenne sur le thème de l'immigration illégale, qui doit le mener vendredi à Londres. "Je ne peux pas à la fois démanteler les filières d'immigration irrégulière et organiser les conditions pour que les trafics continuent", a-t-il ajouté.
Mais "je veux essayer, en liaison avec les associations, de créer les conditions d'un accompagnement le plus humain possible", a-t-il poursuivi en précisant avoir confié une mission à deux hauts fonctionnaires pour établir la liste des besoins sur place. Parallèlement, le gouvernement tentera de convaincre davantage les migrants qui relèvent de l'asile de déposer des dossiers en France. "On pourrait ainsi les répartir dans des centres pour demandeurs d'asile sur l'ensemble du territoire", a-t-il dit.
Vendredi à Londres, il demandera aux autorités britanniques de "prendre leurs responsabilités" et de venir sur place pour dire aux migrants qu'ils n'arriveront pas à entrer dans leur pays.
Rencontre Cazeneuve-Bouchart mardi
Entre 1.200 et 1.300 migrants sont présents à Calais, un chiffre qui a fortement augmenté avec une hausse des arrivées de clandestins en Méditerranée. La plupart de ces migrants sont des Erythréens, des Soudanais ou des Somaliens qui cherchent à gagner l'Angleterre et ne veulent pas demander l'asile
en France.
La maire de Calais, Natacha Bouchart (UMP), qui doit rencontrer M. Cazeneuve mardi, plaide pour l'ouverture d'un centre pour faire face à cet afflux. Sur France 3 Nord Pas-de-Calais, elle a réagi au "non" du ministre de l'Intérieur en indiquant qu'elle maintenait sa demande : "Nous avons 1500 migrants qui squattent la ville. (...) M. Cazeneuve n'apporte pas de solution aux Calaisiennes et aux Calaisiens, ni aux migrants, ni aux associations. L'appel d'air ne vient pas de l'ouverture de ce centre mais des dispositions d'accueil des Britanniques..."
En 1999, un centre géré par la Croix Rouge avait été ouvert à proximité, à Sangatte, et devait être provisoire. Mais il avait rapidement été en surcapacité, avec près de 2.000 personnes contre 800 prévues quelques semaines avant sa fermeture en septembre 2002.