La maire de Lille Martine Aubry s'est félicitée mardi que le Premier ministre Manuel Valls ait accepté, à sa demande, que sa ville et d'autres communes volontaires puissent comme Paris encadrer les loyers et que certaines se soient déjà manifestées.
"Je me réjouis que le Premier ministre nous ait donné l'opportunité d'appliquer la loi qui a été votée à l'unanimité de la gauche", a-t-elle déclaré avec un sourire ironique devant la presse, dans une première réaction à ce revirement du gouvernement, qui avait opté pour un encadrement expérimental des loyers à Paris seul.
"L'encadrement des loyers (...) dans ma ville, c'est une nécessité absolue", a affirmé Mme Aubry, alors qu'elle assistait à la rentrée des classes dans l'école maternelle Jean Bart, dans le sud de Lille. A Lille, "nous avons le revenu fiscal par habitant le plus faible de toutes les grandes villes, nos loyers sont les deuxièmes en France, derrière Paris; nous venons de passer devant Nice", a-t-elle souligné.
"Je vois avec grand plaisir qu'il y a d'autres demandes"
"Je vois avec grand plaisir qu'il y a d'autres demandes", a-t-elle noté. Outre Grenoble, qui s'est prononcé publiquement pour l'encadrement des loyers, elle a évoqué "d'autres (maires ou présidents d'agglomération) qui m'ont appelée pour dire qu'ils allaient le demander". "Mais", a-t-elle dit, "ce n'est pas à moi de l'annoncer".
M. Valls avait indiqué vendredi que l'encadrement des loyers, une mesure phare de la loi Alur sur le logement, serait limitée à Paris, "à titre expérimental"
et non étendue aux 27 autres villes prévues, dont Lille. Dès samedi, Mme Aubry avait réclamé dans un communiqué -co-signée avec son adjointe au logement et co-rapporteur de la loi Alur, la député Audrey Linkenheld-, que Lille, "reconnue comme la troisième ville la plus chère de France" (parmi celles d'au moins 200.000 habitants NDLR), et d'autres communes puissent sur une base volontaire bénéficier aussi de l'encadrement des loyers.
Ainsi interpellé publiquement, M. Valls lui a donné son accord dimanche, en pleine université du PS, à La Rochelle, où il venait prononcer un discours de clôture. "C'est un vrai besoin aujourd'hui, les Français souffrent en matière de pouvoir d'achat", a encore dit Mme Aubry.
"Je n'ai pas du tout envie que ceux qui ont des difficultés financières quittent la ville", car, a-t-elle estimé, "ce qui fait la force de notre ville, c'est notre
mixité sociale et il faut qu'on puisse se loger même quand on a un salaire modeste ou qu'on n'a pas de travail".
Aubry aussi "aime l'entreprise", celle qui "investit sur l'avenir"
"Moi, j'aime l'entreprise, j'y ai travaillé, contrairement à d'autres. J'ai été numéro 2 de chez Péchiney, qui était un grand groupe", a également lancé Martine Aubry devant la presse, lors de sa visite d'une école maternelle lilloise à l'occasion de la rentrée des classes. Mme Aubry, qui répondait à une question sur l'attitude du deuxième gouvernement Valls vis-à-vis du patronat, a tenu à ajouter: "J'aime l'entreprise, quand elle fait de l'entreprise, quand elle fait de l'économie, quand elle crée des richesses, quand elle investit sur l'avenir, quand elle fait de la recherche, quand elle forme ses salariés. J'aime l'entreprise sous toutes ses composantes".L'entreprise qu'elle apprécie, a-t-elle insisté, c'est celle qui est dirigée par "un chef d'entreprise (...) de l'économie et pas de la finance", lorsqu'il "n'essaie
pas de verser des dividendes à ses actionnaires, ou à lui-même des stock-options à court terme, mais qu'il crée des richesses, qu'il prépare l'avenir". "Le Medef, qui a signé un pacte de responsabilité, j'aimerais qu'il apporte les contreparties qu'il a annoncées, parce que là aussi, nous sommes dans le respect des règles", a ajouté Mme Aubry.