Didier Perroudon, Directeur Départemental de la Sécurité Publique du Nord a quelque 90 commissariats du département en responsabilité. Il réagit à notre article d'hier sur l'état du commissariat de Dunkerque et sur la question de l'état des locaux en général.
"Pourquoi les médias s'intéressent-ils à l'état des commissariats", s'interroge Didier Perroudon en préambule à notre entretien. Avant d'esquisser une explication en parlant d'une "éventuelle instrumentalisation des médias par le syndicat SGP Police avec, en ligne de mire, les élections des représentants syndicaux début décembre."
Dunkerque, Saint-Amand, Denain... La liste des commissariats du Nord ayant des problèmes de vétusté semble longue. Que se passe-t-il ?
"Les commissariats sont ce qu'ils sont. Il y a parfois une vétusté importante... Comme les hôpitaux, nous ne fermons jamais et, nous concernant, nous n'avons pas forcément une population encline à respecter la propreté de nos établissements. Alors une question se pose : faut-il moins d'établissements et de meilleure qualité ou le contraire..."
Les emmerdements, "ça vole en escadrille".
Qu'en est-il de Dunkerque ?
"A Dunkerque, c'est l'illustration d'une phrase d'Audiard disant que "les emmerdements, ça vole en escadrille". Fin juillet, nous avons eu un premier incident à cause de fortes précipitations qui ont fait sauter un trappon. C'est la première fois que cela arrive. Les pompiers sont intervenus ont vidé le sous-sol. Début août, la nappe phréatique est montée reposant des problèmes de tuyauterie et enfin les toilettes se sont bouchées. C'est malheureusement fréquent dans les commissariats où les gardés à vue jettent tout et n'importe quoi dans les toilettes."
Je le comprends très bien, il y a une sorte d'exaspération.
Quelles sont les conséquences sur les conditions de travail et le moral des fonctionnaires ?
"Je le comprends très bien, il y a une sorte d'exaspération. Bien sûr, cela joue sur le moral. Tout est loin d'être parfait au niveau immobilier. Les conditions de travail sont forcément impactées par la "question immobilière". Par exemple, la présence de l'avocat pendant la garde à vue entraîne de nouvelles obligations au niveaux de nos locaux. Et la loi va plus vite que les aménagements immobiliers. Tout n'est pas idéal, je le répète et j'ai conscience que cela peut être préoccupant, notamment sur de petites unités. Nous avons néanmoins anticipé les événements avec un nouveau commissariat à Grande-Synthe où la Sûreté Urbaine a désormais des locaux impeccables. A Saint-Pol-sur-Mer, des locaux de la Police Aux Frontières ont été déménagés. Et à Coudekerque-Branche des aménagements sont en cours et seront terminés d'ici la fin du mois. Quant à Dunkerque, les vestiaires qui étaient aux sous-sols vont être remontés dans une annexe de la cour du commissariat."
Les syndicats expriment un regret vis à vis des projets ou des études qui ne se réalisent pas..."On ne peut pas demander aux contribuables de payer tout en même temps. C'est dans la durée que cela se fera... Vous savez, les fonctionnaires de police sont parfois "maltraités" par la population qui souhaite qu'ils soient davantage présents sur le terrain. Il y a un besoin... Alors il y a parfois un décalage avec le coup de peinture qui manque au commissariat. Je comprends, encore une fois, que les conditions de travail dans certains commissariats fassent râler ou agacent. Il y a un impact, mais pas en profondeur, car je suis convaincu que les policiers du Nord ne se découragent pas et qu'ils se donnent toujours à fond dans leur boulot."