Le procès sous haute sécurité de 46 membres de Sharia4Belgium, un groupuscule islamiste radical soupçonné d'être le plus grand pourvoyeur en Belgique de combattants pour le jihad en Syrie, s'est ouvert lundi à Anvers.
Le groupuscule salafiste a annoncé sa dissolution il y deux ans, mais ses anciens membres sont soupçonnés d'avoir continué à recruter des dizaines de volontaires pour la Syrie. Sur les 300 ou 400 Belges partis au combat, environ 10% étaient membres ou gravitaient dans l'entourage du groupe salafiste, selon les autorités belges.
Seize personnes, dont la figure de proue de Sharia4Belgium, Fouad Belkacem, 32 ans, sont jugées comme dirigeants d'une "organisation terroriste" devant le tribunal correctionnel d'Anvers. Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison. Idéologue du salafisme le plus radical, Fouad Belkacem, qui multipliait les prêches dans la rue et dans des vidéos diffusées sur Internet, ne s'est jamais lui-même rendu en Syrie, contrairement à la plupart des membres de Sharia4Belgium, un groupuscule né en 2010 à Anvers, mais il a été un "catalyseur" ayant entraîné de nombreux départs, selon les enquêteurs. Fouad Belkacem, qui arborait lundi une longue barbe, est en détention préventive depuis avril 2013, lorsque la police avait procédé à une série de 48 perquisitions principalement à Anvers et dans la région de Bruxelles. Les autres accusés, dont Jejoen Bontinck, un Belge de 19 ans interpellé en Belgique après avoir passé huit mois en Syrie, sont poursuivis comme simples membres de cette organisation. Jejoen Bontinck est accusé d'avoir rejoint les rangs des jihadistes du groupe aujourd'hui connu sous le nom Etat islamique (EI), entre février et octobre 2012, mais il est également partie civile au procès. Il accuse certains de ses co-prévenus, qui le soupçonnait d'être un espion, de l'avoir séquestré en Syrie, où il affirme avoir partagé un temps la cellule avec James Foley, l'otage américain décapité, et le journaliste britannique otage John Cantlie. Enfin, ce converti à l'islam par Sharia4Belgium, qui avait été élevé dans une famille catholique, devrait également être l'un des principaux témoins à charge par l'accusation, qui doit prendre la parole lors de la première journée du procès. La défense doit s'exprimer mardi.
Jejoen Bontinck, chemise blanche, barbe bien taillée et cheveux tressés coiffés vers l'arrière, est arrivé en compagnie de son père Dimitri, qui était allé le rechercher en octobre dernier en Syrie. Seuls huit de ces accusés étaient présents à l'ouverture du procès. Le palais de justice de la ville flamande et ses abords étaient quadrillé de policiers armés. Les autres prévenus sont soupçonnés d'être en Syrie, où une partie d'entre-eux ont peut-être perdu la vie. Sharia4Belgium s'était fait connaître pour avoir rejeté la démocratie et réclamé l'instauration de la loi coranique en Belgique. Les accusés doivent également répondre d'avoir organisé des manifestations contre la loi interdisant le port de la burqa ou du niqab dans la rue et d'avoir provoqué des émeutes et l'attaque d'un commissariat après une interpellation houleuse d'une femme portant le voile intégral à Molenbeek, un quartier de Bruxelles, en mai 2012.