Un graffiti du célèbre "street artist" Banksy, se moquant des discours anti-immigration, est apparu cette semaine dans la station balnéaire anglaise de Clacton-on-Sea. Mais les autorités locales l'ont aussitôt effacé, le jugeant "offensant" et... "raciste".
Le célèbre graffeur anglais Banksy fait feu de tout bois actuellement dans son pays. Après avoir peint une nouvelle oeuvre dans une rue de Folkestone, dimanche - qui crée depuis l'effervescence dans la ville - l'artiste a récidivé peu de temps après dans la station balnéaire de Clacton-on-Sea, dans l'Essex, à une centaine de kilomètres au nord-est de Londres. Le graffiti - "tagué" à la bombe et au pochoir - tourne en dérision la xénophobie et les discours anti-migrants. On y voit des pigeons brandissant des pancartes face à un oiseau d'une autre couleur : "Les migrants ne sont pas les bienvenus", "Retournez en Afrique", "Laissez-nous nos vers de terre", peut-on lire. Banksy n'a visiblement pas choisi Clacton-on-Sea par hasard : une élection législative partielle doit avoir lieu là-bas, le 9 octobre, après que le député local, Douglas Carswell, a quitté le Parti Conservateur au pouvoir pour se présenter sous la bannière d'UKIP, parti encore plus à droite, eurosceptique et anti-immigration.
Mais ce graffiti ironique et satirique a été rapidement effacé à grands coups de rouleaux. Selon le Daily Telegraph, le conseil local aurait été alerté par des habitants qui semblent l'avoir pris au premier degré, le jugeant "offensant" et même "raciste". "Le site a été inspecté par nos équipes qui ont estimé elles aussi que ce graffiti pouvait être perçu comme offensant", a expliqué un porte-parole. "Il a donc été effacé, conformément à notre politique qui veut que ce genre de graffiti soit retiré dans les 48 heures. A l'évidence, nous aurions volontiers accueilli un original de Banksy, approprié, n'importe où sur notre front de mer, et nous serions ravis qu'il revienne un jour".
I see where Tory Council painted over #Banksy mural. An act of vandalism that's lost #Clacton big tourist income. pic.twitter.com/I4xhBKJaQG
— Richard Howitt MEP (@richardhowitt) 2 Octobre 2014
S'agit-il d'une "gaffe" ou d'une censure délibérée ? "C'est un acte de vandalisme qui prive Clacton d'importants revenus touristiques", dénonce en tout cas Richard Howitt, un élu local travailliste (gauche). Car un graffiti original signé Banksy attire en général beaucoup de monde et vaut surtout très cher. En début d'année, une de ses oeuvres, "Kissing Coppers", peinte sur le mur d'un pub de Brighton, a été revendue 575 000 $ (environ 456 000 euros) aux enchères à Miami, aux Etats-Unis (il avait fallu pour cela "découper" soigneusement le morceau de mur sur lequel l'oeuvre avait été peinte). A Folkestone, dans le Kent, les autorités locales n'ont pas hésité, elles, à poser une plaque de plexiglas pour protéger le récent graffiti que Banksy a "tagué" dimanche dernier.