Une décision qui fait débat en Belgique.
Frank Van Den Bleeken, en prison depuis près de 30 ans pour plusieurs délits à caractère sexuel, sera euthanasié le dimanche 11 janvier à la prison de Bruges. Cet homme, âgé de 51 ans, s'était tourné vers la justice belge en septembre dernier pour obtenir l'autorisation d'être euthanasié avant de conclure un accord en ce sens avec le ministère de la Justice, rapporte samedi le quotidien flamand De Morgen.C'est la première fois qu'un prisonnier obtient le droit d'être euthanasié. Un droit qui n'est normalement accordé qu'aux personnes atteintes de maladie incurables. La maladie psychiatrique de cet homme n'est longtemps pas rentrée dans les critères de la loi belge. Le professeur Wim Distelmans (président de la commission de contrôle de l'euthanasie en Belgique) avait, en septembre, manifesté son désaccord sur cette décision de la justice belge : "Je comprends que Van Den Bleeken soit atteint de souffrances inapaisables. Mais cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas lui apporter des soins palliatifs. Tout le monde y a droit. Aux Pays-Bas, un traitement thérapeutique était possible. Je dis simplement, on n'a pas été au bout du dossier. Éthiquement, nous faisons fausse route si nous lui accordons l'euthanasie." Depuis 1998, la Belgique a été condamnée quatorze fois par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
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Frank Van Den Bleeken est suivi depuis plusieurs années par des psychiatres, qui s'accordent tous à dire qu'il est psychiquement malade et souffre gravement de sa détention. Il est également conscient que sans une thérapie adaptée, il reste un danger pour la société. "Je suis un être humain et quoi que j'aie fait, je reste un être humain. Donc oui, donnez-moi l'euthanasie", avait lui-même expliqué M. Van Den Bleeken à la télévision flamande VRT.
Cette décision pose aussi la question des victimes. La réaction la plus virulente a d'ailleurs été celle d'une des soeurs de Christiane Remacle, une jeune femme de 19 ans tuée et violée en 1989 par Frank Van Den Bleeken. Elle ne comprend pas que la justice belge puisse autoriser ce détenu à être euthanasié comme il le demande. Au moment de son procès, Frank Van Den Bleeken avait été déclaré irresponsable de ses actes et condamné à être interné pour le reste de ses jours. "Des commissions, des médecins, des experts se penchent depuis si longtemps sur le sort du meurtrier de notre sœur. Par contre, pendant toutes ces années, aucune commission ne s'est souciée de nous ou de nos parents. Aucun médecin nous a demandé comment nous allions. Et après, nous entendons par l'entremise de son avocat à quel point il souffre. Et bien, nous souffrons encore aussi ! La décision de la justice est incompréhensible. Qu'il croupisse là où il est", avait-elle déclaré à Het Laaste Nieuws.
Depuis cette procédure judiciaire inédite, au moins 15 autres internés ont suivi l'exemple de Van Den Bleeken en demandant l'autorisation d'être euthanasiés.