L'accueil de jour pour les migrants de Calais promis en novembre par le Ministre de l'Intérieur a ouvert ses portes jeudi. Installé dans l'ancien centre aéré Jules Ferry, à quelques kilomètres du centre ville, il permet aux exilés de bénéficier d'un repas chaud, à l'abri.
"Endroit bien ! Nourriture bonne!" Dans un anglais rudimentaire, Khan se réjouit de l'ouverture jeudi d'un centre d'accueil de jour à Calais, qui permet à ce migrant venu du Pakistan de manger à l'abri un repas chaud.
"Il y a du riz, de la viande, des haricots, du pain, une soupe, des fruits", détaille Khan, qui s'apprête à emporter dans sa "jungle" -un campement rudimentaire dans les dunes de Calais- une partie du repas qu'il a pris soin de conserver.
Dans l'ancien centre aéré Jules Ferry
Lancé à la demande de la maire de Calais, et promis par Bernard Cazeneuve lors d'une visite à Calais en novembre, ce centre doit permettre d'apporter une réponse humanitaire à la question migratoire dans le Calaisis. Il est installé dans l'ancien centre aéré Jules Ferry, à plusieurs kilomètres du centre ville.Ils sont ces derniers mois autour de 2 200 bloqués ici dans l'espoir de rejoindre la Grande-Bretagne, perçue comme un eldorado par ces clandestins venus principalement de Syrie, d'Afghanistan, mais aussi d'Afrique de l'Est (Somalie, Soudan, Erythrée).
La maire de Calais pour un accueil de nuit
A peine le centre ouvert, Natacha Bouchart, maire de Calais a réitéré sa demande d'une ouverture associée d'un centre de nuit, pour "soulager la zone urbaine". Jusqu'ici, l'Etat s'y oppose, redoutant la création d'un "nouveau Sangatte".*400 repas servis le premier soir
En attendant, les organisateurs du centre d'accueil de jour ont servi pas moins de 400 repas jeudi soir, un chiffre "au-delà de leurs espérances". Ils tablent sur 1.500 repas par jour à terme.Quand au milieu de l'après-midi, des terribles rafales de vent et une pluie diluvienne se sont abattus sur le Calaisis, les organisateurs ont craint le pire. Mais à 17 heures, les premiers migrants ont commencé à affluer trempés, empruntant en souriant les palettes installées sur le petit sentier inondé.
Trente bénévoles de l'association La Vie active mobilisés
Les files se sont mises en place et la trentaine de bénévoles présents ont commencé à verser d'abondantes portions aux migrants (2.500 calories par repas), dans une tente militaire."On a bien fait de mettre des piquets de 65 cm de long et des tentes qui peuvent résister à des vents de 160km/h", explique Alexandre Bertrand, directeur du service technique de La Vie active, l'association à laquelle l'Etat a confié la gestion du centre Jules Ferry.
Des prises électriques pour les téléphones portables
Certes, certains migrants, comme Waleed Shah, se sont perdus dans les bois et n'ont pas trouvé facilement l'ancien centre aéré, situé à l'est de Calais,à proximité de la Manche. "On est tous contents de ce centre, on reviendra souvent. Les gens nous sourient, veulent nous aider", dit Waleed qui pense revenir chaque jour "jusqu'à ce qu'il rejoigne l'Angleterre".
Une autre tente abrite une multitude de prises électriques, qui vont permettre aux migrants de recharger leur portable, une initiative très appréciée.
"On est très content d'avoir un endroit pour les téléphones. On espère qu'il y aura aussi bientôt un endroit pour laver les affaires et pouvoir se doucher", dit
cet Afghan.
Les femmes et les enfants bénéficieront d'un accueil de nuit courant avril
Car le centre aéré est amené à évoluer, comme l'a souligné le préfet du Pas-de-Calais mercredi, avec l'installation de modulaires permettant l'accueil de femmes et d'enfants, "y compris la nuit", ainsi que des douches en avril.Le centre ouert de 14h à 19h
Dans cette version provisoire, Jules-Ferry ouvre ses portes à 14 heures, avec la possibilité pour les clandestins d'avoir accès à des toilettes et à de l'eaupotable, à des informations sur le droit d'asile et de recharger les téléphones.
Les repas sont eux servis à 17 heures avant la fermeture du centre à 19 heures.
"Je suis si heureuse de voir ces migrants sourire", s'enthousiasme Pégguy Robert, directrice de la qualité et du développement à la Vie active, qui porte un gilet fluo en indiquant la direction du préau aux migrants munis de leur repas.
"Pour une ouverture, ça se passe bien, les migrants semblent avoir reçu l'information (de l'ouverture d'un centre), c'est déjà important", souligne-t-elle.
Un centre très excentré
Dominique, 63 ans et bénévole à l'Auberge des migrants, émet elle des réserves sur le choix du lieu. "C'est extrêmement loin de certaines jungles, on est à une bonne heure de marche de celle de Galou", dit-elle, circonspecte. Deux autres "jungles", celles de Tioxide et du bois Dubrulle, sont elles à une vingtaine de minutes à pied.Muhamad, un Soudanais à la solide carrure arrivé à juin en Calais, et qui est l'un des 2.200 migrants présents à Calais selon le dernier décompte de la préfecture, s'assoit avec d'autres clandestins sous le préau et commence à manger son repas chaud.
"C'est vraiment une bonne nouvelle, car croyez-moi, on a la vie difficile", confie-t-il.