Un homme muni d'un pistolet factice a provoqué l'interruption jeudi soir des programmes de la télévision publique néerlandaise alors qu'allait débuter le journal de 20H00, exigeant de passer à l'antenne pour des motifs encore non élucidés avant d'être maîtrisé par la police.
Habillé d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate sombre, portant des lunettes, l'homme avait en main ce qui ressemblait à un pistolet équipé d'un silencieux, peut-on voir dans une vidéo de près de cinq minutes mise en ligne sur le site de la télévision publique néerlandaise (NOS).
Il a dit représenter un "collectif de hackers".
Selon la NOS, l'homme a menacé avec son arme un garde de la sécurité et demandé à être emmené sur le plateau du journal de 20H00. Il a finalement été conduit sur un autre plateau, où la scène a été enregistrée. Le bâtiment de la télévision ayant été évacué, le journal de 20H00 qui était sur le point de commencer n'a donc pas débuté, bien que le preneur d'otage n'y ait pas fait irruption. Un message diffusé à l'écran disait "un moment s'il vous plaît".
"Le suspect avait une fausse arme impossible à distinguer d'une vraie", a indiqué la police néerlandaise sur un compte Twitter officiel, soulignant que le suspect, un homme de 19 ans, n'avait pas d'antécédent.
Une enquête a été ouverte et le domicile du suspect à Pijnacker (ouest) faisait l'objet d'une perquisition dès jeudi soir, selon la même source. Selon les médias locaux, l'homme étudie la chimie à l'université technique de Delft (ouest).
Des affirmations de médias néerlandais, selon lesquelles le jeune homme, prénommé Tarik, a récemment perdu ses parents, semblaient être fausses. Selon la NOS, Tarik est le fils de parents divorcés, un père d'origine égyptienne et une mère néerlandaise chez qui il habitait. Interrogé par la télévision néerlandaise à Pijnacker, un jeune homme disant jouer au football avec Tarik a assuré que ce dernier était "un garçon très normal". Un camarade d'université a de son côté assuré que Tarik n'était plus venu à l'université depuis trois semaines. Il décrit un jeune homme intéressé par la politique, portant
un intérêt particulier aux théories du complot, mais absolument pas extrémiste: "je suis par exemple sûr à 100% qu'il n'a pas fait cela pour des convictions islamistes par exemple".
Les locaux de la télévision publique sont situés à Hilversum, au sud-est d'Amsterdam.
'Il a agi seul'
"Sur base des informations dont nous disposons, l'homme a agi seul", a pour sa part assuré le ministre néerlandais de la Justice et de la Sécurité Ivo Opstelten. L'homme a brièvement pris en otage un employé de la NOS, invisible à l'écran dans la vidéo, avec lequel il s'est entretenu durant quelques minutes. S'exprimant de manière sibylline, l'homme a demandé à passer à l'antenne: "Les choses qui vont être dites sont d'importance mondiale. Nous avons été engagés par les services secrets et nous avons entendu des choses qui mettent la société actuelle en doute. Et nous allons les révéler maintenant", a-t-il dit.Au moment où la police a lancé l'assaut, l'employé de la NOS avait réussi à quitter le studio. Dès que les policiers néerlandais y ont pénétré, arme au poing, l'homme de 19 ans a lâché son revolver et levé les mains en l'air. "Il donnait l'impression d'être très calme", a déclaré un journaliste de la NOS,
Martijn Bink, interrogé après l'arrestation, disant être "très soulagé".
Intervention policière 'rapide et adéquate'
Selon l'agence de presse ANP, il avait au moment de son irruption remis une lettre à la rédaction dans laquelle il disait: "il y en a encore 5 plus 98 hackers qui sont prêts à lancer une cyber-attaque". Il a en outre assuré que huit "lourds explosifs" contenant des matériaux radioactifs avaient été placés à travers le pays. Ils exploseraient, a-t-il assuré, s'il ne pouvait pas intervenir à la télévision.Lors d'une conférence de presse dans la soirée le maire d'Hilversum, Pieter Broertjes, a déclaré: "Depuis ce qui s'est passé à Paris, nous sommes mieux préparés. On ne sait bien sûr jamais quand cela peut arriver, mais le fait que nous ayons été préparés a permis une intervention rapide", a-t-il souligné.
L'homme de 19 ans a réussi à pénétrer dans les studios malgré une sécurité renforcée depuis début janvier: "Depuis les attaques de Paris, nous savons que la presse est au centre de l'attention".
Un représentant de la police a pour sa part parlé d'une "intervention rapide et adéquate". C'est sur un parking du centre de presse d'Hilversum que le populiste Pim Fortuyn avait été assassiné en mai 2002 par un militant de la cause animale.