Le lycée privé musulman Averroès a réagi aux accusations d'un de ses professeurs démissionnaires d'y "diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l'islam qui n'est autre que l'islamisme". L'établissement récuse, et affirme ses valeurs d'ouverture et de tolérance.
Cours suspendus et conférence de presse. Dès vendredi après midi, les dirigeants du lycée privé musulman lillois Averroès ont tenu à apporter un démenti aux accusations formulées par le professeur de philosophie démissionnaire.
Le matin même, dans les colonnes du journal Libération, Soufiane Zitouni, Douaisien de 47 ans, dénonçait notamment un "double jeu" des responsables de ce lycée : "d’un côté montrer patte blanche dans les médias pour bénéficier d’une bonne image dans l’opinion publique et ainsi continuer à profiter des gros avantages de son contrat avec l’Etat, et d’un autre côté, diffuser de manière sournoise et pernicieuse une conception de l’islam qui n’est autre que l’islamisme, c’est-à-dire, un mélange malsain et dangereux de religion et de politique", écrit le professeur qui a démissionné après cinq mois d'enseignement dans ce lycée privé sous contrat avec l'Etat.
Une plainte pour diffamation
Lors d'une conférence de presse, la direction du lycée s'est inscrite en faux contre les "allégations" de M. Zitouni. Elle a annoncé son intention de porter plainte contre l'enseignant pour diffamation."Je pense que M. Zitouni a ouvert des parenthèses entre la philosophie et l'islam. Mes élèves disent qu'il a plus parlé de l'islam que de la philosophie et, à la
fin, il n'a plus réussi à fermer cette parenthèse et il a cherché à endoctriner mes élèves à travers sa vision de l'islam", a déclaré à la presse El Hassane Oufker, chef d'établissement.
Il a cité "les principes d'ouverture et de tolérance" du lycée, "en parfaite symbiose avec les valeurs de la République".
"Moi, je recrute des enseignants, non pas selon leur vision, mais selon leurs compétences", a-t-il ajouté.
Un climat d'antisémitisme selon le professeur démissionnaire
M. Oufker a balayé les accusations d'antisémitisme formulées par M. Zitouni, affirmant que ce dernier avait même été chargé de travailler sur l'ouverture et le dialogue inter-religieux au sein du lycée."Il y a peut-être des dérapages ici et là, mais notre rôle d'éducateur, c'est justement de recentrer ces dérapages", a ajouté Hadjila Koula, professeur de français.
Premier établissement privé musulman sous contrat avec l'Etat, le lycée Averroès, qui accueille 600 élèves, est situé dans le quartier de Lille-Sud. Il a été classé en 2013 par des médias comme le meilleur lycée de France.
"Nous avons le plus beau palmarès", s'est félicité Amar Lasfar, lors de cette conférence de presse. Président de l'association Averroès, il est aussi celui de l'UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), proche des Frères musulmans. "On ne mélange pas tout", balaye-t-il.
Le lycée Averroès a porté plainte contre l'enseignant démissionnaire qui l'accuse de diffuser des idées islamistes, tandis que le rectorat de Lille a annoncé une inspection "afin de vérifier le respect des termes du contrat d'association signé avec l'Etat".
Notre reportage sur cette polémique.