Une semaine après le Tour des Flandres, Paris-Roubaix s'adresse dimanche aux mêmes coureurs mais propose une course très différente de l'avis de Jacky Durand.
"On compare souvent les deux mais, pour moi, ça n'a rien à voir", affirme l'ancien lauréat des Flandres (1992), l'un des trois Français à avoir gagné ce "monument", alors qu'il était pourtant plus à l'aise sur Paris-Roubaix."J'arrivais à 'frotter', à rouler sur les pavés, à emmener du gros braquet. Mais dès que ça grimpait, c'était difficile", explique-t-il aujourd'hui. Car la différence entre les deux grandes classiques pavées, des courses centenaires et légendaires, tient à la nature du parcours, rigoureusement plat dans le nord
de la France, parsemé de montées courtes mais pentues de l'autre côté de la frontière.
"Par l'effort physique, l'utilisation des petits braquets dans les bosses, le Tour des Flandres se rapproche davantage de l'Amstel Gold Race, à ceci près qu'il
y a des pavés dans les monts flandriens", ajoute le consultant d'Eurosport avant de reconnaître : "Mais, quand on regarde le résultat brut, ce sont à peu près les mêmes coureurs aux Flandres et à Roubaix."
"Ce sont des courses qui ont des gènes communs", rappelle Frédéric Guesdon, le dernier vainqueur français de Paris-Roubaix (1997), qui souligne l'évidence due au calendrier : "Elles ont lieu à une semaine d'écart. Quand on est en forme au Tour des Flandres, on l'est à Roubaix."
Le même podium ?
Dans les deux classiques, le placement joue un rôle essentiel. Même si, sur les pavés français, "on peut se louper sur les premiers secteurs et s'en sortir quand même", de l'avis de Frédéric Guesdon. "A part la trouée d'Arenberg, où il faut être placé".L'impératif, affirme le directeur sportif de l'équipe FDJ, est d'avoir ces courses en tête, jusqu'à l'obsession, de les préparer soigneusement, en un mot de les aimer : "Il faut viser les deux. Elles sont faites pour le même type de coureurs. Même s'il y en a toujours une que l'on préfère."
Dans le peloton actuel, l'Allemand John Degenkolb et le Français Arnaud Démare penchent pour Roubaix, les Belges Stijn Devolder et Greg
Van Avermaet pour sa cousine flamande. Mais tous, dans la lignée de Tom Boonen et de Fabian Cancellara (quatre doublés Flandres-Roubaix à eux deux dans la dernière décennie), sont sensibles à l'atmosphère de ces courses âpres, sauvages, souvent dramatiques.
"Le podium d'Audenarde dimanche dernier (Kristoff, Terpstra, Van Avermaet) pourrait être le même à Roubaix", estime Dominique Arnould, directeur
sportif d'Europcar qui insiste sur la proximité culturelle et technique des deux classiques : "Il vaut mieux savoir 'frotter' (rouler très près jusqu'à toucher le
vélo voisin). Aux Flandres, c'est pour se placer avant les monts. A Roubaix, c'est pour entrer sur les secteurs pavés dans les dix premiers."
L'ancien champion du monde de cyclo-cross dessine le scénario probable d'une course par élimination, par l'arrière : "Cela va dépendre de l'attitude de Sky. Ils ont une équipe pour gagner. Mais il leur faut éliminer les équipiers de Kristoff. Lui, il est fort et il peut se permettre d'attendre le sprint."