Dix-huit mètres de long, un costume blanc et des lunettes noires à monture dorée... Elvis Presley, qui se trémousse nonchalamment au gré du vent dans le ciel bleu, fait sa première sortie en public aux 29e Rencontres internationales de cerfs-volants de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais).
"Il vole très bien, on dirait qu'il danse", sourit son propriétaire, Frank Steinert, un Allemand de 48 ans, qui surveille depuis son fauteuil pliant le "King" arrimé
au sol à l'aide d'un gros sac de sable. Comme la plupart des 450 cerfs-volistes réunis à Berck-sur-Mer jusqu'à dimanche, ce menuisier berlinois fabrique lui-même ses cerfs-volants, à l'aide d'une paire de ciseaux, d'une machine à coudre et de toile de nylon. Pour Elvis, il lui en a fallu 410 mètres carrés.
"Il faut aimer coudre", rigole-t-il, avouant avoir consacré au chanteur américain toutes ses soirées et ses week-ends de l'hiver, 500 heures au total. Frank Steinert possède 25 cerfs-volants, en a apporté une quinzaine à Berck, dont Blanche-neige et ses sept nains, qui voleront un autre jour.
Walter et Cornelia Bloem sont venus de Bad-Salzuflen (nord-ouest de l'Allemagne) avec, dans leurs bagages, une trentaine de cerfs-volants choisis parmi 200. Arrivés le matin-même, ils se sont empressés d'installer leur "Fetti" ("Petit gros"), un ourson marron gonflable de 9 mètres de long, qui restera assis sur le sable ce jour-là. "Il va servir de point de rencontre pour les enfants perdus", explique à l'AFP son propriétaire. Dans un sac, Asterix, 9 mètres de haut, et Obélix, 11 mètres de haut, attendent leur tour d'être dépliés. Le cerf-volant, une passion? "De l'amour", rétorque Walter Bloem en éclatant de rire.
"Des adultes qui font du cerf-volant"
Ca a commencé en 1990. "On s'ennuyait sur la plage pendant des vacances à la Mer du Nord", se souvient ce cuisinier âgé de 60 ans. "On a vu arriver des gens avec uncerf-volant, alors on s'en est acheté un. Puis on nous a conseillé d'en fabriquer nous-mêmes, alors on s'est lancé et on a expérimenté".Quelque 500.000 spectateurs au total sont attendus au festival, organisé par la ville et l'office du tourisme, pour un montant de 500.000 euros financé essentiellement par les collectivités locales et territoriales.
"On a commencé avec des bouts de ficelle", raconte Gérard Clément, qui a créé le festival en 1987. "Au début, on disait de nous "ils sont malades, ce sont des adultes qui font du cerf-volant"".
Le président fondateur de la fédération française de cerf-volant, qui sélectionne un à un les participants au festival, rencontrés à travers le monde, est intarissable sur l'histoire de ce drôle d'objet né en Chine. "Moi, ce qui m'intéresse dans le cerf-volant, c'est sa culture", souligne-t-il.
"Le blanc, c'est la naissance, le rouge la vie et le noir, la mort", explique-t-il. "A Bali, on fait du cerf-volant sur les champs de riz, après la récolte, de juillet
à octobre, et alors on est heureux, c'est l'harmonie".