Une marche blanche en hommage à Aurélie Châtelain a réuni des milliers de personnes ce dimanche à Caudry.
Environ 3.000 personnes ont participé, entre douleur, incompréhension et sentiment d'injustice, à l'hommage de la ville de Caudry (Nord) à Aurélie Châtelain, deux jours après la mise en examen du meurtrier présumé de la jeune femme tuée il y a une semaine en région parisienne.
"Nous nous souvenons tous de son magnifique sourire et de sa joie de vivre" : trois adolescents du conseil municipal des jeunes, à l'origine de la marche, se succèdent au moment de la prise de parole, la voix étranglée par les sanglots. Au pied de la mairie, sous le portrait de la jeune femme de 32 ans affiché depuis mercredi sur la façade, les habitants rendent hommage à cette ancienne conseillère municipale, professeure de danse et de fitness.
"La compassion dont nous vous faisons part est tout sauf un exercice", témoigne Alain Caporussi, adjoint à la culture de Villejuif, mais "un élément essentiel
dans le lien qui unit les humains". "Que cet événement doit avoir sinon un sens, au moins de porter l'obligation de se tourner vers l'autre", ajoute-t-il. Des membres de l'association française des victimes du terrorisme sont également venus apporter leur soutien.
Le maire Guy Bricout cite le chanteur Calogero, sur sa chanson "Un jour au mauvais endroit", avant de s'emporter, en "colère de n'avoir que peu de nouvelles des autorités concernant le meurtre, alors qu'on peut avoir des faits avérés", explique-t-il. En colère aussi, de voir que plusieurs avocats de renom se sont "précipités" pour défendre le tueur présumé, Sid Ahmed Ghlam, un Algérien de 24 ans, soupçonné d'avoir préparé des attentats au nom de l'islam, tandis que personne n'a contacté la famille de la victime. "C'est bien moins médiatique", conclut-il.
Un carillon dans la ville silencieuse
Les participants à l'hommage, habitants de la ville ou des communes proches, ont ensuite défilé dans le centre, certains portant des t-shirts blancs ou tenant des roses de la même couleur. Souvent ils se soutiennent, se tiennent par la main. Toutes les générations sont présentes. "Ça aurait pu arriver à mes enfants", dit Franck, 49 ans, venu avec eux et son épouse.Catherine, 44 ans, Caudrésienne d'adoption, ne connaissait que peu Aurélie Châtelain. Mais sa participation à la marche n'a pas fait de doute dans son esprit. "Parce qu'elle faisait partie de la commune, de nous. Parce qu'elle était maman, comme moi, parce que je me sens concernée", lance Catherine, à la fois triste mais aussi remontée. "Je ne comprends pas pourquoi on donne beaucoup d'importance à certaines personnes et pas à d'autres", précise-t-elle en écho au maire.
Anaïs, 24 ans, est une ancienne élève d'Aurélie Châtelain. "On pouvait lui demander n'importe quoi, elle le faisait", se remémore-t-elle. "On n'imagine pas que ça puisse nous arriver à nous", souffle-t-elle. Josiane, 44 ans, professeur d'EPS, ne peut que constater ce "choc brutal" qui s'est abattu sur sa ville.
"Les gens à Caudry ne s'attendaient pas à ça. Ils ne connaissent pas l'angoisse qu'il peut y avoir à Paris, Vigipirate, etc", explique-t-elle. "On se rend compte qu'on est faible, qu'on est rien", dit-elle en hochant la tête.
A la fin du défilé, après un peu plus d'un kilomètre de communion silencieuse, la famille qui ouvrait le cortège est partie de son côté. Dans la ville, silencieuse, le carillon de l'église a sonné au loin. Les autres participants ont ensuite été déposer les fleurs sur les marches de la mairie.
Les obsèques se tiendront à la basilique Saint-Maxellende de Caudry mercredi, à 14H30.