Vidéo de violences policières sur des migrants à Calais : l’IGPN saisie

L'association Calais Migrant Solidarity (CMS) a publié lundi une vidéo dans laquelle elle dénonce des violences policières sur des migrants à Calais (Pas-de-Calais), un document qui a entraîné une saisine de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale).

Sur la vidéo de deux minutes, filmée de loin, semble-t-il sur la rocade qui mène au port, sont montées en de courtes séquences diverses interventions de policiers faisant sortir les migrants cachés dans des camions en partance pour l'Angleterre. Selon les cas, on y voit des policiers les poussant par-dessus la glissière de sécurité, assenant un coup de pied, faisant usage de gaz lacrymogène ou les plaquant au sol avec le genou.

L'association CMS affirme avoir tourné la vidéo le 5 mai, soit le lendemain de la visite du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve à Calais. Les extraits de la vidéo sont entrecoupés de plusieurs déclarations de M. Cazeneuve, comme "Calais est pour moi le laboratoire de ce que la République peut produire de meilleur" ou encore "notre action porte ses fruits".

Enquêtes

"Le directeur général de la police nationale a saisi dès lundi l'IGPN (Inspection générale de la police nationale)", a-t-on appris auprès de la Direction générale de la police nationale (DGPN). "Les circonstances précises de cette intervention seront examinées rapidement", selon cette source, qui précise que "tout manquement avéré aux règles déontologiques sera sanctionné". Le procureur de Boulogne-sur-Mer, Jean-Pierre Valensi, a indiqué à l'AFP avoir
lui aussi saisi l'IGPN, et statuera à partir de l'enquête de celle-ci, pour ces faits "qui sont susceptibles d'une qualification pénale s'ils étaient démontrés",
potentiellement des "violences par agent de la force publique".

Le défenseur des droits a également indiqué s'être auto-saisi d'une enquête concernant cette vidéo, indépendamment de l'enquête de l'IGPN. Dans un communiqué, SOS Racisme s'est dit pour sa part "scandalisé" par ces images, demandant "au Ministre de l'Intérieur de mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour que cessent ces exactions iniques".

"Il s'agit de bribes d'images", a de son côté estimé Ludovic Hochart, délégué pour la Côté d'Opale du syndicat Unsa-Police. "Il faudrait passer le film en entier" pour savoir si les policiers répondent à une agression, selon le syndicaliste. En revanche, "si ce sont des violences gratuites, il faut que ce soit sanctionné", a reconnu M. Hochart. 

La section régionale de la fédération des transporteurs routiers, qui tenait une conférence de presse en fin d'après-midi mardi à Calais, s'est dite "confrontée à une succession de pannes dans le tunnel qui ont entraîné l'invasion des autoroutes et des rocades par ces centaines de migrants qui veulent s'introduire par effraction dans nos camions".

"Les aires d'autoroute sont polluées par les passeurs", s'est insurgé le président de la section régionale, David Sagnard, qui a rappelé que les chauffeurs et les transporteurs s'exposaient à des amendes de 2.000 euros chacun par migrant convoyé en cas de contrôle britannique.

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