Mur "anti-gens du voyage" à Wattrelos-Mouscron : le défenseur des droits demande le retrait du projet

La construction envisagée d'un mur "anti-gens du voyage" à la frontière franco-belge a viré mardi à la polémique, le Défenseur des droits français Jacques Toubon et son homologue belge ayant réclamé la fin de ce projet "illégal et contraire à la dignité humaine".

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La presse belge a révélé ce week-end que la commune française de Wattrelos (département du Nord) prévoyait de construire, d'ici juillet, une nouvelle aire pouvant accueillir quelque 24 caravanes de gens du voyage. Et ce plan prévoit de déplacer de quelques dizaines de mètres, en direction de la Belgique toute proche, un camp où s'est établie il y a une quinzaine d'années une communauté de gens du voyage sédentarisée.

Il prévoit également l'érection d'un mur de 2,4 mètres de haut pour séparer les caravanes des jardins des habitations d'un quartier de la ville belge de Mouscron de l'autre côté de la frontière. Selon le député-maire socialiste de Wattrelos, Dominique Baert, le projet de mur a été ajouté à la demande expresse de son homologue mouscronnois, le centriste Alfred Gadenne. "Il a été acté que du côté des habitations (belges), on mettrait un mur en béton de 30 mètres de manière à assurer la sécurité, la quiétude environnementale visuelle des uns et des autres", a expliqué à l'AFP l'élu français.

Le bourgmestre de Mouscron a confirmé  à la presse blege la demande de mur ajoutant que "le but n'est pas de cacher ces gens, mais bien de mettre en place un dispositif plus sécurisant". Cependant sur la télévision publique RTBF, M. Gadenne a changé lundi de version, assurant n'avoir "rien demandé" et précisant : "On n'aime pas ce mur. Donc, à la limite, on préférait une haie à un mur". Mais vu que le projet est "lancé on s'engage
à le suivre et nous avons demandé que ces gens ne détiennent pas d'armes
" et "la mise en place d'un comité de suivi", a-t-il affirmé en réunion de conseil municipal, cité par l'agence Belga.

"Contraire à la dignité humaine"

Des riverains belges se sont plaints "d'ordures déposés n'importe où", selon la presse. Un responsable de la communauté des gens du Voyage, Porado Demestr a, lui, affirmé qu'ils n'étaient "pas opposés" au mur, ajoutant "on se sentira encore un peu plus chez nous".

Toutefois Jacques Toubon, Défenseur des droits en France, et Jozef de Witte, directeur du Centre interfédéral pour l'égalité des chances en Belgique, ont réclamé mardi qu'il "soit mis fin immédiatement au projet illégal et contraire à la dignité humaine". Dans un communiqué commun ils ont reconnu qu'on manquait de terrains accueillant les gens du voyage dans les deux pays et ont réclamé "un encadrement adéquat (qui) permettrait précisément de répondre aux préoccupations légitimes des riverains, tout en garantissant les droits fondamentaux des gens du voyage".

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