Procès Outreau à Rennes: Thierry Delay disculpe Daniel Legrand

Thierry Delay, condamné à 20 ans de réclusion pour le viol de ses enfants en 2004, a disculpé mardi, face à ses fils, Daniel Legrand, un des acquittés d'Outreau qui comparaît à Rennes depuis le 19 mai pour des accusations de viols portant sur la période où il était mineur.

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Intervenant par vidéoconférence, Thierry Delay a réaffirmé à plusieurs reprises que seul lui, son ex-femme Myriam Badaoui et un couple de voisins, tout quatre condamnés en 2004 au premier procès d'Outreau, avaient violé ses fils. Et ce, même face à l'un de ses fils, Jonathan Delay, 21 ans, qui soutient le contraire. "Tu confirmes qu'il n'y avait pas d'autres adultes? J'aimerais que tu le dises face à moi", a demandé Jonathan, autorisé par le président à s'adresser à son père depuis la cour d'assises de Rennes. "On n'était que quatre. Il y avait pas d'autres adultes", a répondu, d'une voix sourde, mais ferme, son père. "Et pas de souvenir (de) quand on était filmés?" a relancé Jonathan. "Non", a répondu son père.

"Ça fait onze ans que tu n'as pas vu mon visage, est-ce que tu peux me dire pourquoi avoir commis ces choses ?" lui a enfin demandé Jonathan. "J'avais pas ma tête à moi, j'étais pas dans un état normal", a soupiré Thierry Delay, incarcéré depuis 2001 et condamné en 2004 à 20 ans de réclusion criminelle pour ces viols. Quelques minutes avant, c'est Chérif Delay, 25 ans, violé dès l'âge de 5 ans, qui a pu, quelques minutes, parler à son ancien tortionnaire: "Je fais 1,82 m, 71 kg et j'ai plus peur de toi!" "Quand je te regarde, quand je te vois là, tu me fais pitié!" a ajouté Chérif à l'adresse de cet homme de 51 ans, amaigri et malade. Lors de la première semaine du procès, Chérif, comme son frère Jonathan, a affirmé que Daniel Legrand était l'un des auteurs des agressions subies dans son enfance.

"Que mes enfants"

Très laconique, parfois difficilement intelligible dans la majeure partie de ses réponses, Thierry Delay, qui a dit être atteint d'une sclérose en plaque, a néanmoins été très ferme dans ses déclarations tant sur le nombre d'adultes -seulement quatre- et d'enfants impliqués dans les viols. "J'ai violé que mes enfants", a-t-il assuré, alors qu'il a été condamné en 2004 pour les viols de neuf enfants et l'agression sexuelle de douze en tout (dont les siens), soit le chef d'accusation initial de l'instruction du juge Fabrice Burgaud. Thierry Delay a également démenti fermement toute affaire de meurtre d'enfant, un temps évoquée au cours de l'instruction avant de faire l'objet d'un non-lieu, puis évoquée de nouveau par Chérif et Jonathan devant la cour de Rennes.

Me Patrice Reviron, avocat de Jonathan, lui a demandé s'il était attaché à ses enfants: "Je suis attaché quand même, malgré que je leur ai fait du mal." "Vous vous rendez compte que vous avez fait du mal?" a démandé Me Reviron. "Oui", a répondu cet homme, dont on ne voyait pratiquement, sur l'écran, que le visage au front dégarni mangé d'une barbe et d'une moustache. La cour a ensuite fait diffuser les auditions filmées de Jonathan et Chérif alors qu'ils n'avaient que 6 et 10 ans. Comme lors de leur diffusion au procès de Saint-Omer en 2004, le son pratiquement inaudible laissait difficilement entendre les réponses d'un tout petit garçon aux yeux sombres, Jonathan, au policier qui tente de lui faire détailler les sévices qu'il a endurés. Moins timide, Chérif semble intarissable. Dans un domaine tout aussi insoutenable. Mercredi matin, c'est la mère de ces enfants, Myriam Badaoui, dont les déclarations changeantes ont contribué à gonfler l'affaire Outreau avant de la faire basculer en fiasco judiciaire -avec l'acquittement de 13 des 17 accusés- en déclarant avoir menti, qui sera entendue. Interrogé au sujet de son ex-femme mardi, Thierry Delay a jugé qu'elle était "un petit peu mythomane".
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