Le plan pour les migrants présenté par le gouvernement est largement "sous-calibré", a estimé jeudi le collectif "Des Ponts pas des murs", qui réunit une centaine d'associations et d'ONG, et appelle les autorités à sortir de la "logique de campement".
"Le plan est d'emblée sous-calibré, il ne répondra pas à l'entièreté des besoins en ce qui concerne les hébergements d'urgence, Il va rester des milliers de personnes en grande difficulté", a affirmé Jean-François Corty (Médecins du Monde), lors d'une conférence de presse du collectif. "Le plan prévoit 1.500 places d'hébergement d'urgence. Mais 3.000 à 4.000 personnes vivent dans des conditions d'ultra-précarité à Calais, dans des bidonvilles à ciel ouvert cautionnés par les autorités. Il y a 1.000 à 2.000 personnes dans les rues de Paris, autant entre la frontière italienne en Lyon",a-t-il détaillé.
"Il faut sortir de la logique de campement, mettre en place des dispositifs en dur, de tailles réduites, de Nice à Calais en passant par Lyon et Paris. La France a les moyens d'une autre prise en charge", a assuré Jean-François Corty. "L'urgence, c'est de mettre les gens à l'abri, de sauver des vies en mer, d'ouvrir des voies légales supplémentaires en délivrant davantage de visas", a-t-il énuméré.
Demande d'asile
Le collectif, qui a tenté en vain de rencontrer le président François Hollande, appelle à manifester samedi à Paris "en solidarité avec les migrants".Il milite également pour la suppression du règlement de Dublin, qui impose l'examen de la demande d'asile dans le pays européen d'arrivée.
"Il faut donner la possibilité aux demandeurs d'asile de déposer leur demande dans le pays où ils le souhaitent", a estimé Claire Rodier (Gisti, Groupe d'information et de soutien aux immigrés).
Elle a aussi fait part de son inquiétude sur les projets européens de financer des centres de traitement et d'identification de réfugiés dans des pays, comme le Niger, peu fiables en terme de protection des droits fondamentaux. "A la date d'aujourd'hui, 106.000 migrants sont arrivés en Europe depuis le début de l'année, dont la moitié sont des Erythréens et des Syriens. Le plan européen présenté en mai évoque 40.000 personnes éligibles à la relocalisation en Europe,c'est à dire les Erythréens et des Syriens, sur deux ans. Que va-t-on faire de ceux qui vont arriver dans les mois à venir ?", s'est encore interrogée Claire Rodier.
Plus de 100.000 migrants et réfugiés, originaires essentiellement d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, sont arrivés en Europe depuis le début de l'année via la Méditerranée.