Tunnel sous la Manche : trafic interrompu dans les deux sens

Le trafic est interrompu dans les deux sens dans le Tunnel sous la Manche à cause de pneus en feu sur les voies. 

Quelque 200 marins de MyFerryLink en grève se sont introduits mardi après-midi sur les voies du terminal d'accès au tunnel sous la Manche près de Calais pour y brûler des pneus afin de protester contre la vente de leurs bateaux au concurrent DFDS Seaways, avant d'être délogés par les CRS.

Le trafic du tunnel sous la Manche était en conséquence "suspendu dans les deux sens", pour une durée indéterminée en raison de la nécessité d'inspecter les voies par mesure de sécurité, a rapporté une porte-parole d'Eurotunnel. "Il y a eu une intrusion de personnes en grève du port (de MyFerryLink, ndlr) qui sont rentrées dans notre terminal, se sont mises sur les voies et ont fait brûler des pneus", a indiqué cette porte-parole.

Eurostar a indiqué que ses trains ne circuleraient plus de la journée. A l'aide de bombes lacrymogènes, à mi-chemin entre la sortie du tunnel et la gare
Eurostar de Fréthun, la cinquantaine de CRS mobilisés a dispersé quelque 200 manifestants, sous l'oeil d'un hélicoptère de la gendarmerie, a constaté l'AFP. Les manifestants étaient plus nombreux que lors de l'action de blocage du tunnel puis du port, le matin, notamment grâce au renfort des personnels sédentaires de la compagnie.

Ils ont indiqué à l'AFP leur intention d'organiser mardi en fin d'après-midi une opération escargot avec leurs véhicules sur l'A16 aux abords du tunnel, en évitant les secteurs d'accès à l'agglomération de Calais pour ne pas occasionner de désagrément aux habitants. Les événements ont entraîné tout le long de la journée d'importants bouchons sur l'autoroute A16 et les voies d'accès. Les camions grossissaient la file d'attente. Les CRS restaient mobilisés alors que de nombreux migrants tentaient de monter sur les camions arrêtés.

Les marins de MyFerryLink avaient bloqué le matin le tunnel pendant près de six heures, avant d'être délogés des voies de l'autoroute A16 par les forces de l'ordre, vers 10H00. Les bateaux restaient en revanche toujours à quai, à la mi-journée. DFDS était ainsi contrainte de rediriger son trafic vers le port voisin de Dunkerque (Nord) et la compagnie P&O de rediriger ses clients... vers DFDS. "Nos services ont été interrompus à Calais. Cela résulte
de la décision d'Eurotunnel d'affréter puis de vendre deux de leurs navires à DFDS, ceci dans un délai très court et sans qu'apparemment les parties n'engagent de démarche constructives avec le personnel de MyFerryLink
", a déclaré Helen Deeble, directrice exécutive de P&O, dans un communiqué.

120 salariés repris ?

"Il est hors de question que DFDS prenne nos navires, jamais. Si vous voulez passer un été chaud il faut venir à Calais", a menacé Eric Vercoutre,
secrétaire général du Syndicat maritime Nord, joint par l'AFP. "Le gouvernement français doit faire pression sur (le PDG d'Eurotunnel Jacques)
Gounon", a-t-il déclaré. Le syndicat, très mobilisé et largement majoritaire au sein de la compagnie MyFerryLink, est à la tête de la Scop qui exploite les bateaux dont Eurotunnel est propriétaire.

Les éventuels repreneurs ont jusqu'à mercredi 15H00 pour déposer un dossier de reprise des bateaux. La Scop entend faire valoir le sien. "On est aidés par la région, le département, on a une offre qui reprend les 600 salariés", a dit le syndicaliste. La colère des personnels de MyFerryLink est d'autant plus grande que courent des rumeurs alarmantes sur le nombre de salariés susceptibles d'être repris par DFDS. Régulièrement, le chiffre de 120 salariés revient, mentionné par les syndicats.

Il est également avancé par le député socialiste de Calais Yann Capet, comme "le fruit d'une analyse de tous les bruits qu'on entend". "Il y a eu une offre de reprise de P&O, qui sur le plan social est sans commune mesure avec ce qui semble être proposé et dont on aura la vérification demain", a déclaré à l'AFP M. Capet. "Quand on est grand patron, on doit faire preuve de responsabilité, et la responsabilité sociale des entreprises ne doit pas être qu'un slogan", a-t-il ajouté, "furieux".

"Monsieur Gounon nous a vendu à notre pire ennemi, et aujourd'hui on est un peu désarmé, il y a des politiques qui bougent et forcément on attend des réunions, et pourquoi ils veulent vendre à la DFDS et non pas à la scop SeaFrance", a déclaré un des marins grévistes à l'AFP. Selon une source proche du dossier, le blocage du port pourrait durer au moins jusque vers 19H00.
Déclaration de Jean-Marc Puissesseau, président du Port de Calais
Le personnel de My Ferry Link bloque le Tunnel et le port de Calais depuis ce matin. Ce blocage est toujours en cours.

Il est le résultat direct de la cession par Eurotunnel de deux navires de My Ferry Link mettant ainsi en péril le sort de l’entreprise et, selon les dernières informations, de la majeure partie de ses 600 employés.

Ne mettez pas en péril votre outil de travail

Le Port de Calais est aujourd’hui encore la victime collatérale des tensions entre Eurotunnel et My Ferry Link.

La situation de My Ferry Link et de ses marins est grave mais il est totalement contre-productif de porter préjudice au Port de Calais alors que les emplois actuels ou futurs de My Ferry Link dépendent directement de cette infrastructure.

J’en appelle donc à chacun et chacune à lever le blocage du Port de Calais le plus rapidement possible, pour que l’activité puisse reprendre normalement.

Eurotunnel a agi en connaissance de cause

En cherchant à élever les compagnies de ferries les unes contre les autres et en jouant avec les espoirs d’une population soumise à un des taux de chômage les plus élevé de France, Eurotunnel a agi en connaissance de cause et ne peut prétendre au statut de victime. Son attitude ces derniers mois du « diviser pour mieux régner » est proprement irresponsable.

La suspension du contrat liant Eurotunnel à My Ferry Link, l’empressement à ne pas considérer toutes les offres, l’opacité de la transaction finale et le choix délibéré de laisser libre cours aux rumeurs faisant présager le pire en terme d’emploi et d’activité sont autant de provocations pouvant expliquer la situation actuelle.
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