30 ans après le meurtre de Nadège Desnoix à Château-Thierry, un suspect arrêté et placé en garde à vue

En 1994, Nadège Desnoix, 17 ans, lycéenne à Château-Thierry de l'Aisne, est retrouvée étranglée et poignardée. Près de 30 ans après sa mort et de nombreuses investigations infructueuses, un suspecta été interpellé. Sa garde à vue en cours fait naître un nouvel espoir d'élucider ce meurtre.

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Serait-ce la fin d'un mystère vieux de près de 30 ans ? Un homme de 55 ans a été interpellé mardi 30 novembre en région parisienne et placé en garde à vue. Il est soupçonné d'avoir tué Nadège Desnoix, une adolescente de 17 ans, à Château-Thierry en 1994 expliquent nos confrères de FranceInfo de source proche de l'enquête, confirmant une information du journal Le Parisien.

C'est un rapprochement ADN qui est à l'origine de ce rebondissement. Il a permis aux enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) d'identifier le suspect. Son ADN a été prélevé dans le cadre d'une récente affaire de violences. Comparé au fichier national des empreintes génétiques, il correspond à une empreinte présente dans le dossier Desnoix et jusqu'ici inconnue. Cette empreinte ADN avait été retrouvée sur la scène de crime.

Un "cold case"

Le 25 mai 1994, le corps sans vie de Nadège Desnoix, originaire du village de Coulonges-Cohan dans l'Aisne, est découvert à Château-Thierry au bord de la voie express qui contourne la ville. La jeune fille a été étranglée et poignardée à plusieurs reprises. À côté du cadavre, son cartable et une rose coupée. 

Nadège, scolarisée au lycée Jules Vernes à Château-Thierry, a été vue pour la dernière fois la veille dans un bar de la ville. Elle aurait quitté les lieux avant 12h pour aller rejoindre des copains avant de retourner en cours à 14h. À 19h30, ses parents, inquiets de ne pas la voir rentrer au domicile familial, alertent les autorités.

Son père, plombier-chauffagiste, attend désespérément la venue de Nadège à l’arrêt de bus. Le lendemain après-midi, un mercredi, le corps de la lycéenne est finalement retrouvé par un passant dans un bosquet sur un sentier qui longe la voix express. Un lieu situé à une centaine de mètres du lycée Jules Verne.

Nadège a été étranglée et porte des entailles à la base de la gorge. L'autopsie révèlera qu'elle n'a pas subi de violences sexuelles.

Pendant des années, l'enquête piétine. Aucun suspect. De nombreuses pistes  se perdent et en l'absence de témoignages fiables, l'enquête s'enlise. L'affaire devient un de ces "cold case".

Près de 30 ans plus tard, le dossier semble donc rebondir. Contacté mercredi 1er décembre, le parquet de Soissons s'est refusé à tout commentaire. De son côté, Me Arnaud Miel, l'avocat de la famille de la victime, explique "ne pas en savoir beaucoup plus. La famille est évidemment très attentive aux conséquences de la garde à vue en cours, mais il est trop tôt pour être soulagés. Il faudra voir s'il y a déferrement à l'issue des 48 h", indique-t-il. Me Miel souligne aussi que "la juge d'instruction de Soissons s'était replongée dans le dossier et que des investigations avaient été relancées"

La piste Fourniret

Déjà en février 2005, l'affaire avait fait reparler d'elle. Un juge d'instruction de Soissons avait évoqué l'hypothèse de l'implication du tueur en série Michel Fourniret. "Certains éléments du dossier (...) peuvent laisser penser à la crédibilité de cette piste", affirmait alors le procureur. Une liste des victimes potentielles de Michel Fourniret était dressée. 70 noms y figuraient dont celui de Nadège Desnoix. Mais finalement aucune preuve matérielle n'avait permis de retenir l'hypothèse de l'implication de l'ogre des Ardennes. La piste était délaissée en 2006.

En 2008 pourtant, le meurtre de la jeune Axonaise avait été évoqué lors du procès de Michel Fourniret : le mode opératoire, les caractéristiques de la victime, le transport du corps, les blessures, la localisation géographique et surtout la rose coupée, le genre de symbole qu'affectionne le tueur en série dont c'est la fleur préférée ont fait peser des soupçons sur lui.

Fin 2020, Michel Fourniret est déjà condamné pour 8 meurtres et hautement suspecté dans plusieurs autres. La juge d'instruction en charge de la disparition de d'Estelle Mouzin à Guermantes ordonne des analyses ADN sur un matelas retrouvé dans la maison de la sœur de Michel Fourniret. Située à Ville-sur-Lumes dans les Ardennes, l'homme avait l'habitude d'y séjourner.

Une nouvelle piste

En plus de l'ADN d'Estelle, qu'e Michel Fourniret reconnaîtra avoir tuée, une trentaine d'autres est retrouvée sur ce matelas et dans la camionnette avec laquelle Michel Fourniret enlevait ses victimes. Pour savoir si ces ADN correspondaient à des victimes de crimes non élucidés dans lesquels Fourniret est suspecté, 21 noms sont isolés depuis d'une liste de 70 noms dressée en 2005. Parmi ces 21 victimes, Nadège Desnoix. 

L'avocat de la famille Desnoix avait confirmé que des comparaisons étaient alors en cours entre l'ADN de la jeune Axonaise et ceux retrouvés sur le matelas et dans la camionnette de Michel Fourniret.

Les enquêteurs, en retraçant son parcours criminel, avaient également relevé une décennie entière, qu'ils appelleront la "période blanche", durant laquelle il n'aurait pas commis de crimes. Une période allant de 1990 à 2000. Une période "d'inactivité" qui intrigue. Or Nadège Desnoix a été tuée en 1994. 

La piste avait une nouvelle fois été refermée replongeant cette affaire dans l'ombre jusqu'à cette semaine. Les investigations ne devraient pas manquer de se poursuivre activement. Les prochaines heures et l'issue de la garde à vue du suspect pourraient être décisives.  

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