Dans l'Aisne, les subventions des maraudes sociales ont été supprimées fin 2023 et les places d'hébergement d'urgence sont insuffisantes. Certaines municipalités tentent, comme elles peuvent, de pallier le manque de moyens. Une situation que dénonce le maire de Château-Thierry. Explications.
Depuis plusieurs mois, Eric Delacroix, 50 ans, vit dans la rue. Ces derniers jours, il a affronté le froid et les températures glaciales. Pourtant, il a tenté de contacter le 115 pour se mettre à l'abri : "Ils ne disent rien du tout. Il n'y a pas de place. [...] Je ne souhaite à personne d'être à la rue. C'est dur. "
On l'a su tardivement et il n'y a pas eu de concertation pour voir quel dispositif de substitution on pouvait mettre en place. Ce qui fait qu'aujourd'hui, la nuit, plus personne ne passe dans les rues de Château-Thierry
Sébastien Eugène, maire
Suppression des subventions
Une solution de courte durée a finalement été trouvée pour Eric. Depuis vendredi 19 janvier, il dort à l'hôtel, et ce, jusqu'à la fin du week-end. Un répit de trois jours que lui offre le centre communal d'action sociale. C'est le CCAS qui s'est occupé d'Eric et qui a financé ses nuitées. Car depuis fin 2023, dans l'Aisne, les subventions des maraudes ont été supprimées. "On l'a su tardivement et il n'y a pas eu de concertation pour voir quel dispositif de substitution on pouvait mettre en place. Ce qui fait qu'aujourd'hui, la nuit, plus personne ne passe dans les rues de Château-Thierry pour s'assurer que les personnes sans domicile fixe vont bien et, surtout, pour les convaincre de s'abriter dans l'hébergement d'urgence", explique Sébastien Eugène, maire (Parti radical) de Château-Thierry.
Plus de maraudes sociales et des places d'accueil difficiles à obtenir : "Deuxième difficulté, l'État n'a pas ouvert de places d'accueil d'hébergement d'urgence supplémentaires pour la saison hivernale. À priori, c'est pour réaliser des économies." La municipalité tente donc de pallier le manque de moyens : "Les personnes SDF n'ont pas disparu des rues de Château-Thierry. Il y a nécessité que la Ville se substitue à l'État en mobilisant des travailleurs sociaux et en payant des chambres d'hôtels."
La mairie alerte l'État
Une situation que Sébastien Eugène ne souhaite pas voir se répéter. Il demande à l'État de "remettre en place un dispositif pour accompagner les personnes sans domicile fixe la nuit" et "l'ouverture de places supplémentaires lorsqu'il fait extrêmement froid dehors". Il réclame également "un remboursement" des frais engagés par les municipalités.
Une réunion avec le sous-préfet est prévue mercredi 24 janvier pour tenter de faire émerger ces solutions. Selon le collectif Les morts de la rue, au moins 624 personnes sans domicile sont mortes en France en 2022.