Le juge d'instruction en charge de l'enquête sur la mort d'Elisa Pilarski en forêt de Retz dans l'Aisne a accordé au maître d'équipage du Rallye de la passion le statut de témon assisté dans l'affaire Pilarski. Sa part de responsabilité dans l'affaire est régulièrement évoquée.
Sébastien Van Der Berghe, le maître d'équipage du Rallye de la passion, va bénéficier du statut de témon assisté dans l'affaire Pilarski. C'est lui qui en a fait la demande, par l'intermédiaire de son avocat, auprès de la juge d'instruction du tribunal de Soissons en charge de l'enquête. Le statut de témoin assisté permettra à Sébastien Van Der Berghe d'avoir accès au dossier. La stratégie pour le chasseur est d'avoir les mêmes éléments que les autres parties, qui seraient susceptibles de l'incriminer.
Régulièrement mis en cause
Depuis la mort d’Elisa Pilarski, Sébastien van Den Berghe est, selon la Société de vennerie, régulièrement mis en cause "par plusieurs opposants à la chasse à courre". Pour son avocat, Me Guillaume Demarcq, "le statut de témoin assisté permettra à Sébastien Van Den Berghe de devenir partie à la procédure et de se défendre judiciairement. Rappelons qu’à ce jour, il n’est pas mis en cause par la justice."
Le 16 novembre 2019, Elisa Pilarski, une jeune femme de 29 ans, été retrouvée morte en forêt de Retz près de Soissons dans l'Aisne. Son corps présentait de multiples morsures de chien qui sont à l'origine du décès.
Trois mois après, les résultats des prélèvements ADN effectués sur les différents chiens présents sur les lieux le jour du drame n'ont toujours été pas révélés.
Curtis, le chien du couple : coupable idéal ?
Curtis est au cœur de toutes les interrogations. C’est le chien qui accompagnait Elisa lors de sa mort en forêt. Importé des Pays-Bas, c’est un croisement entre un lévrier whippet et un patterdal terrier. Et non un American staff comme indiqué précédemment.
Une analyse ADN devra préciser si ce chien a attaqué sa maîtresse. Ce qui est sûr, c’est que depuis le drame, Curtis a mordu deux fois. La première, quelques heures après la mort d’Elisa Pilarski, pendant l’audition de son compagnon Christophe Ellul chez les gendarmes.
Le chien s’est en est pris à la cuisse de son propriétaire, au point d’arracher une partie du pantalon de Christophe, qui aurait alors crié "Putain, il m’a mordu, faut le piquer !", selon une gendarme présente. La deuxième fois, c’était au refuge où Curtis a été placé, suite à une réquisition judiciaire. Là, c’est une bénévole qui a subi une morsure laissant des marques profondes. Ce qui a déclenché une procédure "chien mordeur" et hypothéqué les chances de le voir libre.
Le compagnon change sa défense
Autre fait nouveau dans cette affaire, les divergences entre Christophe Ellul et son avocate. Me Caty Richard nous le rappelle, attachée "au respect du secret de l’instruction", se livrant peu, elle a tout fait pour éviter un "retentissement médiatique". Une posture que n’a pas souhaité reprendre à son compte son client.
Au point que ce dernier décide de se passer des services de Me Richard : "J’ai évoqué avec lui l’éventualité que son propre chien soit impliqué dans la mort d’Elisa. Ce qu’il n’a pas supporté." Christophe Ellul s’est donc tourné aujourd’hui vers deux avocats "spécialistes de la cause animale". L’objectif principal étant de sortir Curtis de la fourrière pour le placer dans une "structure adaptée".
Curtis est-il un chien dangereux ? A-t-il pu s’en prendre seul à sa maîtresse ? Me Eric Alligné, le nouvel avocat de Christophe Ellul déclare au Parisien "qu’en l’état du dossier, rien n’indique que ce chien est responsable de la mort d’Elisa". Un élément vient aussi troubler cette piste : le parquet de Soissons, après autopsie du corps, avait évoqué les morsures d’au moins deux chiens.
La piste de la chasse à courre
Cette information de morsures provenant de plusieurs chiens a mené l’enquête à rapidement s’intéresser aux veneurs. Car ce jour-là, au même moment, a lieu une chasse à courre, avec la présence d’une cinquantaine de chiens de chasse.
Ont-ils pu s’en prendre à Elisa Pilarski ? Pour Me Guillaume Demarcq, avocat de Sébastien van den Berghe, cette piste ne tient pas : "en 600 ans d'histoire, jamais une chasse à courre ne s'en est pris à des hommes ou des femmes, la vénerie n'a jamais tué. Ce n'est jamais arrivé". Au nom du maître d’équipage présent en forêt de Retz, il va demander le statut de témoin assisté. Le but : obtenir un accès au dossier, et défendre au mieux les intérêts des chasseurs du rallye de la Passion.
Pour Me Richard, l’ex-avocate de Christophe Ellul, l’implication de la meute sera toutefois à prendre en compte. "On peut affirmer que la meute était présente à proximité de là où se trouvait Elisa. On sait que ces chiens sont entraînés pour terroriser leur proie, en aboyant. Cela a pu provoquer un état de stress chez Curtis".
Autre détail d’importance, les chasseurs sont formels : leurs chiens ne présentaient aucune trace de sang. Des traces qui auraient été nécessairement visibles, les chasseurs axonais n’ayant pas attrapé de gibier ce 16 novembre.
Le rôle du compagnon d’Elisa Pilarski
À ce stade de l’enquête, rien ne permet de l’impliquer dans la mort d’Elisa Pilarski. Son emploi du temps a été étudié, il s’est bien rendu au travail. Et il a bien reçu un coup de fil à Roissy, à près de 70 km de là, où il exerce son métier. Une fois arrivé sur les lieux, les versions se confrontent. D’après le compagnon, il croise des chiens de chasse et un cavalier. Il voit une meute d’une trentaine de chiens sortir d’un ravin, il s’écarte, puis s’y rend et découvre le corps de sa femme, dévorée.
Une vision contredite par les chasseurs de l’Aisne. À nos confrères de l’Union, Jean-Michel Camus affirme que lors de leur rencontre, Christophe Ellul criait, disant être à la recherche de son chien, qui était en compagnie d’Elisa. Leur précisant selon M. Camus : "Faites attention à vos chiens, le mien est très, très méchant".
Contacté par notre rédaction, Christophe Ellul n’a pas - pour l’heure - donné suite.