Le département de l'Aisne a voté son compte administratif lundi 25 juin. Et les indicateurs, une fois de plus, affichent des chiffres inquiétants comme la dette : 473 millions d'euros, remboursable sur 27 ans. Notamment en cause, la contraction d'emprunts toxiques avant 2008.
Comme nombre de collectivités territoriales, Le département de l'Aisne avait contracté des emprunts dans les années 2000 à des taux préférentiels. Lors de la crise de 2008, ils se sont révélés toxiques. Retour sur ce type de financement avec Jézabel Couppey-Soubeyran, économiste à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Qu'est-ce qu'un emprunt toxique ?
Dans le principe, ce sont des prêts qui généralement incluaient des clauses d'indexation. Pour beaucoup, ils étaient indexés sur une devise. La plupart étaient faits par la banque Dexia [comme c'est le cas pour le département de l'Aisne, NDLR].
Quel était le problème dans ces contrats ?
Ces prêts représentaient un pan important de leur activité. Ils se sont largement spécialisés dans ces prêts aux collectivités locales en concevant des produits qui se sont révélés extrêmement dangereux. En particulier, la clause d'indexation qui a eu une portée sous-estimée.
Les collectivités en avaient-elles conscience ?
Il y a eu clairement un manque de vigilance, peut-être un manque d'expérience ou d'éducation financière au sein des collectivités locales. Beaucoup n'ont fait que suivre le mouvement. Comme tout le monde souscrivait ce genre de prêts, les directions financières avaient peur de passer pour des imbéciles. C'est du mimétisme, c'est fréquemment observé dans la finance.
Quelles sont les solutions pour les collectivités concernées ?
Elles n'ont que peu de marges de manœuvre. Il leur faut soit essayer de renégocier ces prêts, soit s'engager dans des actions de justice voire réfléchir à des actions de groupe. Certaines collectivités locales sont complétements étranglées et pas en position de force pour renégocier.
Le conseil départemental de l'Aisne a renégocié le remboursement de ses emprunts en 2016. Cela va lui coûter tout de même 84 millions d'euros.