Dans quelques jours, la politique en matière d'aide alimentaire va évoluer à Château-Thierry. Une partie des bons d'urgence destinés aux plus démunis sera désormais réservée à l'achat de fruits et légumes sous forme de "bons verts". L'idée est de favoriser une meilleure alimentation.
Le lancement du dispositif est imminent. "Il reste à finaliser la liste des commerçants partenaires", indique Caroline Vaillant, la directrice du Centre communal d'action sociale de Château-Thierry. D'ici peu, le fonctionnement de l'aide alimentaire d'urgence va quelque peu évoluer dans la ville. De longue date, il existe ici, comme un peu partout, des bons d'achat remis par le CCAS aux personnes dans le besoin. Ces bons, remis dans des situations d'urgence, sont échangeables dans des commerces locaux qui se font rembourser ensuite par le CCAS.
Dorénavant, cette aide sera accordée sous forme d'un "bon vert". C'est à dire qu'une partie de la somme sera "fléchée", réservée à l'achat de fruits et de légumes pour les bénéficiaires. La part de ces achats est fixée à 20 % du montant total du bon. Un bon qui augmente d'ailleurs d'autant à cette occasion. Ainsi, par exemple, sur un bon d'une valeur de 24 euros, 6 euros seront désormais dédiés à l'achat de fruits et légumes.
Pas de volonté d'imposer
"L'idée, c'est d'augmenter le montant mais en incluant des bons réservés pour acheter des fruits et légumes et permettre à chaque habitant d'avoir une bonne santé, d'être en bonne forme physique", explique Alice Dupuis, vice-présidente du CCAS et adjointe au maire déléguée aux affaires sociales, à la politique de la Ville et à la Santé. Ainsi les responsables entendent par ce moyen favoriser une meilleure alimentation. "Quand on a un petit budget, ce n'est pas ce vers quoi on se tourne [ndlr les fruits et légumes]. L'idée n'est pas de leur imposer ce qu'ils achètent. Ils achètent ce qui leur convient. Ils choisissent ce qu'ils veulent", précise l'élue.
Le bon est remis à l'usager après évaluation de ses besoins par les travailleurs sociaux, selon la composition de la famille. Le bénéficiaire peut ensuite l'utiliser dans des magasins conventionnés de la ville. Ainsi, une une petite dizaine de commerces locaux vont être associés à cette démarche.
"L'idée est de permettre un accès à la grande distribution, mais aussi aux distributeurs locaux, en centre ville, en quartier", poursuit la responsable du CCAS. Ce type de bon reste limité à l'aide d'urgence. Ensuite, si la situation doit durer, les bénéficiaires peuvent être pris en charge sur le long terme par une association caritative ou une épicerie sociale.
Un plan d'action plus vaste
Pour la municipalité, cette mesure ne constitue en réalité la partie émergée d'une politique de santé plus vaste. "L'an passé nous avons organisé un "défi alimentation" pour que les habitants se réapproprient les fruits et légumes", raconte l'adjointe au maire Alice Dupuis. De nouveaux ateliers sont encore envisagés sur le sujet prochainement. "C'est un travail éducatif. Il ne s'agit pas seulement de donner des aliments. C'est un axe de santé. On a du surpoids, de l'obésité. Il y différents facteurs mais l'alimentation joue un grand rôle. Pour nous c'est vraiment une incitation", poursuit l'adjointe au maire.
Si le nombre de bénéficiaires n'augmente pas localement selon les responsables, c'est plutôt leur nature qui évolue. "La tendance marquante c'est la typologie du public. On avait des personnes éloignées de l'emploi ou en transition. Maintenant, on a aussi les travailleurs les plus pauvres", indique la directrice du CCAS.
Le nouveau dispositif constitue en tous cas aux yeux de ses promoteurs un des outils d'une action globale menée autour de "l'éducation au budget". "Nous sommes un peu précurseur d'une chose qui va se développer au niveau national", conclut Caroline Vaillant.