Deux ans après la découverte du tunnel de Winterberg, dans lequel plus de 250 soldats ont été ensevelis en 1917, la caverne du Dragon dans l'Aisne propose une exposition pour comprendre cette tragédie. L'issue d'un travail de coopération franco-allemande de plusieurs mois.
C'est un épisode de la Grande Guerre que l'on connaissait encore mal, et dont les secrets sont enfin dévoilés au grand public. Le 4 mai 1917, le tunnel de Winterberg situé dans la forêt de Craonne dans l'Aisne s'effondre à cause d'un tir d'artillerie française, ensevelissant plus de 250 soldats allemands.
Il aura fallu plus d'un siècle pour que le site soit localisé et exploré par des archéologues français. Au terme de presque deux ans de travaux, les chercheurs ont découvert des trésors historiques témoignant de ce drame.
Les trouvailles archéologiques dévoilées
Après un long travail de recherche, d'analyse et d'études d'archives, les chercheurs français et allemands ont pu reconstituer ce pan de l'histoire. L'équipe des archives du land de Bade-Wurtemberg en Allemagne a mis sur pied une exposition pour transmettre ce nouveau savoir aux habitants des deux pays. En France, cette exposition est installée dans l'Aisne, à la Caverne du Dragon, site mémoriel du chemin des Dames.
On y trouve à la fois des témoignages et des effets personnels et des soldats morts dans le tunnel. "Quand on voit ce manteau, cette cloche, ce casque, ces objets calcinés... on ressent véritablement ce qui s'est passé dans le tunnel, souligne Franck Viltart, chef de service du Chemin des Dames et de la mémoire au département de l'Aisne. Et quand on lit les témoignages qu'ont exhumés les archives de Bade-Wurtemberg, c'est terrible. Ça nous rapproche de cette histoire, qui fait partie de la grande tragédie qu'est la Grande Guerre."
Un travail scientifique franco-allemand
L'exposition se veut pédagogique, avec pour objectif de déconstruire les mythes et les rumeurs nés autour de cet événement resté longtemps mystérieux depuis la découverte du site "Il y a un travail scientifique d'archéologues autour de la recherche et l'analyse d'objets et un travail d'historiens et d'archivistes aussi pour concevoir cette exposition, explique Franck Viltart. Elle remet vraiment la science au cœur de cette découverte, et la restitue au grand public."
Cette aventure archéologique est aussi un pas de plus dans l'amitié franco-allemande, qui pourrait permettre une écriture plus pertinente et plus complète de l'histoire de la Grande Guerre. "Ce n'est pas suffisant que chaque pays fasse sa propre mémoire, il faut établir une mémoire européenne ensemble", estime Rainer Brüning, conservateur aux archives du Land de Bade-Wurtemberg. Pour lui, cette collaboration est une "expérience extraordinaire" qui pose les jalons d'un travail commun pérenne.
Les autorités des deux pays ont par ailleurs pris la décision de ne pas exhumer les dépouilles et de transformer le site en mémorial.
Avec Paul-Guillaume Ipo et Rémi Vivenot / FTV