Nouvelle campagne de fouilles dans le tunnel de Winterberg en forêt de Craonne où sont morts ensevelis plus de 200 soldats allemands en 1917

Les fouilles reprennent en forêt de Craonne dans l'Aisne. Un an après les premières prospections qui ont permis de confirmer la localisation du tunnel dit de Winterberg, les historiens allemands et français espèrent en savoir un peu plus sur les 250 soldats allemands ensevelis en 1917.

Théâtre d'une fin tragique pour plus de 200 soldats allemands pendant la Première Guerre mondiale, le tunnel dit de Winterberg fait l'objet de nouvelles fouilles archéologiques. La campagne se déroule du 2 au 6 mai 2022.

Les premières explorations menées il y a un an par les autorités allemandes et françaises ont permis non seulement de confirmer la localisation du tunnel mais également de découvrir quelques vestiges (cloche, uniforme, casque et galon du 111e régiment d'infanterie de réserve de Bade, etc). Aucun corps n'a cependant été mis au jour.

Il y a tout juste 105 ans, un tir d'artillerie française a provoqué l'effondrement de ce tunnel. Plus de 200 soldats allemands y étaient retranchés.

"Jusqu'ici, personne n'a réussi à pénétrer dans le tunnel"

Le 2 mai 2022, les travaux ont repris. Ces nouvelles opérations, coordonnées par la préfecture de l'Aisne en partenariat avec le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge (VDK),  se déroulent selon un protocole de sécurité strict, pour éviter tous risques pyrotechniques.

Une caméra introduite grâce au forage permettra de déterminer l'état du tunnel et son éventuelle accessibilité.

"Il y a des cartes et des travaux qui ont permis de localiser globalement le tunnel, mais jusqu’à présent personne n’a réussi à y pénétrer, soit directement soit par une machine, explique Thomas Campeaux, préfet de l'Aisne. Les travaux qui ont été réalisés l’année dernière ont permis de retrouver les rails qui très probablement vont à l’intérieur du tunnel et c’est la direction et l’inclinaison de ces rails qui est utilisé en ce moment pour faire un forage hydraulique, une tentative de perçage dans le tunnel".

Un enjeu scientifique

Grâce au forage, une caméra pourra bientôt pénétrer dans les cavités du tunnel, détectées par résonnance électromagnétique. "On n’a pas découvert tout ce qu’il y avait à découvrir en termes de connaissances sur la Première Guerre mondiale, note Thomas Campeaux, et s’agissant spécifiquement du tunnel de Wintenberg, ce que recherchent les archéologues, ce sont essentiellement les conditions de vie de ces soldats dans des tunnels percés sous une colline qui était un front permanent, un lieu de combats perpétuels pendant plusieurs années entre les armées ennemies".

Si cette recherche a un caractère scientifique, les centaines de dépouilles qui reposent à cet endroit lui confèrent une forte charge émotionnelle des deux côtés de la frontière franco-allemande.

Un enjeu de mémoire

"Je dirais que c’est le supplément d’âme de l’archéologie de la Grande Guerre, note Yves Desfossés, chargé de mission en archéologie des conflits contemporains pour la DRAC Grand-Est, puisqu’au-delà d’un geste purement archéologique, il y a des développements possibles avec les contacts avec les familles. C’est quelque chose à laquelle on n’est pas trop habitué mais c’est quelque chose d’enrichissant parce qu’on ne reste pas dans un domaine purement archéologique".

L’identité des soldats du 111e régiment d’infanterie de réserve qui occupait ce tunnel est connue, celle des soldats tombés ici aussi. Reste à savoir s’ils étaient à l’intérieur du tunnel, aux abords du tunnel, ou s’ils ont disparu dans d’autres circonstances.

"Il s'agit d'un régiment du sud de l'Allemagne, du côté du lac de Constance, détaille Harald John, responsable de la communication pour VDK. Nous avons contacté des familles pour les informer qu'il y avait une possibilité de retrouver des soldats de leur famille".

Le premier objectif n'est pas d'exhumer les corps à tout prix. Pour autant, les autorités françaises et allemandes envisageraient de faire du tunnel de Winterberg, un lieu de mémoire commun. "Les chefs d’états ont convenus en application du traité d’Aix-la-Chapelle de créer de nouveaux lieux de mémoire des affrontements franco-allemands. Le tunnel de Winterberg est cité parmi l'un de ces lieux" confirme  le préfet de l'Aisne.

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