Festival Off d’Avignon : l'émancipation féminine sur fond d'indépendance de l'Algérie au cœur de la pièce de théâtre d'une compagnie de l'Aisne

"J'ai si peu parlé ma propre langue", le spectacle présenté par la compagnie l'Esprit de la Forge, installée à Tergnier dans l'Aisne, aborde la question de l'émancipation féminine au moment de l'indépendance de l'Algérie. La mère de l'autrice, née à Oran, a inspiré à Agnès Renaud cette création. Elle est jouée au festival Off d'Avignon jusqu'au 30 juillet.

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Un traumatisme, une souffrance, mais aussi et peut-être surtout une espérance. J'ai si peu parlé ma propre langue veut nous dire tout cela au féminin. Agnès Renaud qui dirige la compagnie l'Esprit de la Forge confie avoir réalisé des heures d'enregistrement de sa mère pour préparer son spectacle. L'exercice n'était pas naturel : "Ma maman a fini par s'y habituer, après une phase d'adaptation, elle m'appelait même au téléphone pour me confier quelques souvenirs oubliés."

Ses souvenirs sont ceux d'un pays disparu. Carmen est une enfant d'Oran à une époque où l'Algérie est divisée en départements français. Sa famille est arrivée d'Espagne il y a plusieurs générations.

C'est rendre hommage aux femmes, qui, dans leur quotidien et dans l'anonymat, ont lutté pour être ce qu'elles voulaient être.

Agnès Renaud

Directrice de la Cie l'Esprit de la Forge

Carmen, c'est un caractère bien trempé. Sans revendication affichée, elle résiste. Non, on ne choisira pas un mari pour elle. Cette vie qui s'offre à elle, la jeune fille veut l'assaisonner à son gré. Elle part d'Oran pour Alger, située à 600 kilomètres, un éloignement sidéral des valeurs de l'époque. En colocation avec une jeune fille de métropole, elle entreprend des études. Carmen veut travailler et assurer son indépendance financière, elle y parviendra. Une libération sur fond d'émancipation algérienne. Tout cela, sa fille, Agnès Renaud, a voulu le recueillir et le mettre en résonnance dans son spectacle.

Une pièce conçue comme une émission de radio

À l'écoute des extraits de la vie de Carmen diffusés dans le cadre d'une émission de radio, ses amies réagissent sur scène. Il y a Jeannine, la camarade d'enfance, mais aussi Angèle Deriaut, l'intellectuelle. Témoins d'une époque, les souvenirs réapparaissent vus des rivages actuels. La chroniqueuse de l'émission et l'animatrice de la radio de "l'Amicale du soleil" nous accompagnent. Quelques documents historiques sonores donnent les repères tels des rochers qui surnagent : un texte de Camus, le discours d'Alger de De Gaulle, une archive sonore du massacre de la rue d'Isly.

Quatre femmes sur scène entendent et parlent. "Souvent l'histoire est écrite par les hommes, il fallait aussi donner les paroles à celles que l'on n'a pas écoutées. Leurs quotidiens parlent pour elles." Agnès Renaud voulait une création sur la transmission et la migration. La Covid a modifié sa feuille de route. Elle s'est ressourcée. "J'avais commandé un spectacle sur l'accueil des migrants, nommé "Mon Orient Express". J'ai trouvé dans mon passé familial la matière nécessaire, beaucoup de familles françaises possèdent aussi ces racines venues d'ailleurs."

Une femme qui s'affirme aussi pour faire vivre les siens

Après l'indépendance algérienne, Carmen doit encore se battre. Pas seulement pour elle, pour sa famille aussi. Un père paralysé et le déchirement du retour en métropole convaincront Carmen de racheter une épicerie à Cannes pour subvenir aux besoins des siens. Mais l'héroïne ne renoncera pas à ses rêves : elle deviendra disquaire à Paris avant d'épouser son mari à l'âge de 35 ans. "Parmi les documents conservés par maman, il y avait aussi des livrets de poèmes, je me demande aussi si ce chemin vers la création que je suis, ma mère n'aurait pas pu l'accomplir", s'interroge Agnès Renaud.

J'ai si peu parlé ma propre langue évoque ce parcours de femme qui entend fixer le cap de sa vie malgré les vents contraires. Le spectacle est joué à l'espace Roseaux Teinturiers d'Avignon jusqu'au 30 juillet dans le cadre du festival Off. Carmen l'a déjà apprécié, âgée de 90 ans celle qui se nomme en fait Jeannine vit désormais à Clamart. Sa fille Agnès Renaud confie pudiquement avoir vécu "un moment de partage émotionnellement très fort."

Dans la région, retrouvez les prochaines représentations de J'ai si peu parlé ma propre langue de l'Esprit de la Forge :

  • 8 décembre 2022 scène Europe de Saint-Quentin.
  • 10 janvier 2023 scènes d'Abbeville.
  • 27 janvier 2023 la Manekine Pont-Sainte-Maxence.
  • 28 mars 2023 le mail de Soissons.

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