Festival Off d'Avignon: Quentin Ratieuville et Lilia Benchabane, deux humoristes hors normes qui cartonnent

Quentin Ratieuville et Lilia Benchabane se produisent au festival Off d'Avignon pour la première fois. Lui souffre de deux maladies génétiques invalidantes, elle est malvoyante et atteinte d'un albinisme oculo-cutané. Leur handicap, ils l'assument, mieux ils en jouent sur scène et leur humour trash séduit une belle communauté de fans.

Quentin Ratieuville a cumulé 15 millions de vues sur les réseaux sociaux. A Avignon, l'humoriste rouennais testera lundi son premier spectacle "Toujours Debout", face au public du Festival Off. Même pas stressé. "J'ai hâte de commencer et de m'amuser avec les gens".

L'artiste de 19 ans se définit comme un "jeune humoriste normand, à qui la vie a vite fait comprendre qu’il allait en chier". Quentin est atteint de deux maladies orphelines, les syndromes de Marfan et de Loeys-Dietz, qui entraînent des malformations cardiaques et osseuses lourdement invalidantes. Il a subi une vingtaine d'opérations.

Le spectacle ça m'a rendu heureux, et le bonheur ça aide.

Quentin Ratieuville

Une bonne dose d'autodérision et un humour trash

Ecrire des vannes et faire rire, c'est ce qui l'a fait tenir debout toutes ces années. "Ça m'a sauvé la vie, explique-t-il, si je n'étais pas monté sur scène, je ne serais plus en vie à cette heure-là".

"Avant ma vie, c'était : je me faisais opérer, je souffrais, je me refaisais opérer, je resouffrais...ça a été comme ça pendant quatorze ans de ma vie, le spectacle, ça m'a rendu heureux, et le bonheur ça aide."

"J'ai 18 ans, c'est vrai, je sais qu'on dirait un gamin de huit ans dans un pub d'Action contre la faim", lance-t-il pour se présenter au public dans son spectacle lancé en octobre dernier.

Le ton est donné. "Un prêtre m'a dit un jour : Mon fils tu es un ange tombé du ciel. C'est sûr, je me suis bien cassé la gueule".

Quentin affectionne l'humour trash. "C'est ce qui me fait rire, explique-t-il, je m'inspire de ma vie de tous les jours".

Il aime cette "alchimie" qui se créée avec ses fans : "moi je kiffe, le public rigole, enfin dans la majorité des cas, on rigole tous ensemble et on ne se prend pas la tête".

"Les gens qui viennent au spectacle savent qu'on va rire de choses sur lesquelles  des fois on ne rigole pas et qu'il faut être assez ouvert, et faut juste rigoler". 

Pour Quentin, le rire est aussi une façon de faire passer un message. "Il y a pas mal de choses à changer,  et si avec mon spectacle je peux apporter ne serait-ce qu'un petit caillou à l'édifice...c'est génial".

Rendre visible le handicap visible plutôt que le cacher

La pression monte ce dimanche pour Lilia Benchabane. Elle assure ce soir sa première représentation d'"Attention handicapée méchante" au festival Off d'Avignon. "Assez stressée", reconnaît-elle. "C'est ma toute première fois à Avignon et surtout c'est la troisième fois que je le joue", confie-t-elle.

Pétillante blonde de 25 ans, Lilia réunit sur ses réseaux sociaux TikTok et Instagram, près de 250.000 fans. Blonde et blanche, c'est pour cette jeune Lilloise d'origine algérienne le plus visible de ses handicaps.

Lilia est malvoyante, elle souffre aussi d'albinisme oculo-cutané, "un truc blanc avec des yeux rouges" explique-t-elle à son public. "Quand t'es handicapée, c'est cadeau, ça vient en package".

"Un peu piquant", c'est ainsi qu'elle qualifie son humour. Sur scène, Lilia libère le rire des spectateurs d'entrée. "Avec mes trois premières phrases d'intro, je les mets à l'aise, à la deuxième minute normalement le public est censé être à l'aise, et ça veut dire : je vous autorise à rire". 

"Si je suis sur scène, ce n'est de la pitié que je cherche à attiser, le premier but du spectacle, c'est de faire rire les gens et de passer un bon moment."

Lilia a commencé la scène en 2017. Le confinement lui a donné l'opportunité de rencontrer un autre public. Depuis, elle cartonne sur les deux tableaux.

"L'audience sur les réseaux sociaux, ce n'est pas du tout celle qui vient voir mes spectacles, analyse Lilia, ils n'attendent pas les mêmes choses, je ne pourrai jamais prendre les blagues que je fais en vidéo et les mettre dans mon spectacle". 

Pour elle, l'écriture n'est pas la même. L'humour sur scène est plus exigeant. "Le stand up, c'est plus de la punch line avec un rythme de rire qu'il faut maintenir".

Je suis plus à l'aise avec ce que je suis alors qu'avant de monter sur scène j'aurais tout fait pour le cacher.

Lilia Benchabane

Rire de son handicap s'est imposé à elle naturellement, très vite. 

"La première fois que j'ai testé mes blagues, c'était au lycée devant mes potes, et quand j'ai vu qu'être dans l'autodérision et d'être à l'aise avec ma différence, ça me rendait plus cool je me suis c'est ça que je veux, si mes camarades de classe rigolent, un public peut rigoler".

La scène a aussi aidé Lilia à s'assumer telle qu'elle est. "C'est un peu une thérapie, parce ce qu'on s'accepte plus".

Aujourd'hui en plus, la jeune femme jouit d'une certaine notoriété. "Avec les réseaux sociaux, les gens qui me croisent dans la rue savent que je suis malvoyante et c'est trop mignon, des fois ils me voient en galère et ils viennent m'aider, je suis plus à l'aise avec ce que je suis alors qu'avant de monter sur scène j'aurais tout fait pour le cacher". 

Pour autant, Lilia elle ne se pose pas en porte-drapeau. Faire rire d'abord et avant tout. "Moi, ça m'amuse de faire ça, les gens viennent passer un bon moment, ils rigolent c'est très bien et si après ils ont décodé un message c'est génial, mais c'est pas le but premier."

Lilia Benchabane est en représentation au festival Off les 17, 18,19,25 et 25, 26 juillet et Quentin Ratieuville les 18 et 20 juillet.

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