Un couple de septuagénaire a été évacué dans la nuit de lundi 27 à mardi 28 décembre de son logement de Tergnier, dans l'Aisne. Les victimes sont saines et sauves mais la famille met en cause la nouvelle chaudière installée par le bailleur social.
Selon leur petit-fils, cela faisait deux jours que ces habitants de Quessy-Cité, à Tergnier dans l'Aisne, souffraient de nausées et de maux de tête. Dans la nuit du lundi 27 au mardi 28 décembre, le couple âgé de 73 et 75 ans a été pris de malaise avant d’être évacué par les sapeurs-pompiers vers l’hôpital de Chauny. Les mesures effectuées dans ce logement social de la SNCF mettent en lumière un taux de monoxyde de carbone jusqu’à huit fois supérieur au seuil maximum toléré.
"Là, ils vont bien [...], rassure Maximilien Bereaux dans la cuisine de ses grands-parents, sauf que d’après les relevés des secours, s’ils avaient été exposés plus longtemps et s’ils n’avaient pas eu l’instinct de descendre… Très sincèrement, ils ont échappé à une mort certaine." Ce gaz, inodore et incolore, est en effet responsable d’une centaine de décès par an en France, d’après les données de l’Agence régionale de santé.
Une chaudière installée depuis six mois
Le plus souvent, c’est la chaudière qui est en cause. Celle du couple est pourtant flambant neuve : installée depuis tout juste six mois, elle aurait présenté des problèmes de raccordement. "Au lieu que ça s’évacue normalement dans le tuyau d’évacuation, ça s’est évacué dans la maison, explique Maximilien Bereaux. C’est dû à ça, l’intoxication." Le bailleur, ICF Habitat, indique de son côté qu’un "diagnostic" est en cours "pour savoir exactement ce qui a pu se passer sur une chaudière neuve, qui vient d’être installée et qui a été contrôlée lors de son installation."
Deux rues plus loin, une locataire témoigne toutefois d’autres difficultés. Le dispositif installé en août goutte continuellement. "Tous les jours, on est obligés de vider notre seau parce qu’il y a l’eau qui coule, montre Nathalie Boucher. En principe, on devrait avoir un tuyau d’évacuation et ça n’a pas été fait." Environ 235 chaudières ont ainsi été remplacées ces derniers mois. Le collectif "Sauvons la cité", dont Maximilien Bereaux est porte-parole, dénonce depuis "un palmarès de manquements aux obligations d’un bailleur" de la part d’ICF.
Et encore, si on n’avait que ce problème-là sur la chaudière, ça irait... Ils ont changé les portes d’entrée il y a deux ans, c’est rempli de moisissures autour. On n'a que de l’humidité dans la maison.
Nathalie Boucher, locataire à Tergnier
Au total, 235 foyers sont concernés par ces nouvelles installations dans les habitats sociaux gérés par ICF. "On est aujourd’hui en train de vérifier toutes les chaudières qui ont été installées, Romuald Sarraute, directeur d’agence. Derrière, l’objectif est de poser des détecteurs de monoxyde de carbone sur l’intégralité des logements."
Il assure toutefois n’avoir précédemment "n’a pas eu de remontée d’information comme quoi il y avait des soucis particuliers" de la part des habitants.
Sensibilisation au risque
Le collectif a lancé un appel à témoignage sur les réseaux sociaux. Il exige, outre la vérification des installation et l’investissement en détecteurs, la tenue d’une "une campagne de sensibilisation au risque d'intoxication au monoxyde de carbone [pour] l'ensemble des locataires". En plus d’un entretien régulier, il est recommandé de veiller à l’aération régulière de son logement, même en hiver, et de ne pas laisser les chauffages d’appoint fonctionner en continu.
Le couple intoxiqué a depuis pu sortir de l'hôpital. Mais il n'avait, ce mercredi 28 décembre, pas encore réintégré son logement où le gaz a été coupé. La famille envisage de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui.