Le réalisateur Yann Samuell tourne actuellement dans les Hauts-de-France l'adaptation de la série de bandes dessinées "La guerre des Lulus". Ce succès de librairie qui retrace la vie d'orphelins pendant la Première Guerre mondiale est l'oeuvre des Amiénois Régis Hautière et Hardoc.
Des adolescents en culottes à bretelles jouent au rugby avec un ballon en cuir rétro, avant de s'arrêter brusquement au "coupez !" du réalisateur.
Au milieu des jeunes, François Damiens interprète un curé, protecteur de ces orphelins, dont le destin sera bientôt bouleversé par le premier conflit mondial. L'acteur belge ne boude pas son plaisir : "C'est toujours intéressant de tourner avec des enfants, parce qu'ils ont une spontanéité que nous n'avons plus . Et puis cela fait film de vacances dans un décor magnifique".
Ce décor magnifique, c'est l'abbaye de Saint-Michel-en-Thiérache près de Hirson dans l'Aisne, où l'équipe de 90 personnes du réalisateur Yann Samuell a pris ses quartiers depuis quelques jours. Une abbaye qui devient pour l'occasion un orphelinat.
Un tournage 100% Hauts-de-France
Les producteurs de cette adaptation de la série de bandes dessinées La guerre des Lulus sont originaires de La Fère dans l'Aisne. L'idée de délocaliser en Europe de l'est, comme cela arrive souvent, ne leur est pas venue à l'esprit une seconde : "On a tenu à ce que ça se passe vraiment sur les lieux, où la guerre a eu lieu et sur ces lieux de champs de bataille, de villages détruits, massacrés ou en tout cas évacués en 1914, lorsque la guerre a éclaté sur le nord de la France et en Thiérache plus particulièrement. (...) On a choisi des décors qui étaient assez proches de la BD, sans être ceux de la BD, puisqu'ils n'existent pas en fait", explique Eric Boquého, producteur artistique à l'initiative du projet.
En effet, le village de Valencourt où vivent les Lulus est fictif. Mais il est inspiré des communes du nord de la France. Différents décors de la région servent d'ailleurs au film, d'Arras, préfecture du Pas-de-Calais, à Ors dans le Nord en passant par Tertry, Trefcon, Sissonne ou encore le Familistère de Guise dans l'Aisne.
Une esthétique proche de la BD
Réalisateur habitué à traiter du point de vue de l'enfance dans ses précédents films (Jeux d'enfants, La guerre des boutons), Yann Samuell est également un passionné de bande dessinée et entend bien coller à l'esprit et à l'esthétique de l'œuvre originale : "On a une charte de couleurs tout à fait particulière qui est très travaillée pour ce film-là. Des angles et des compositions d'images très étudiées."
Un soin particulier a également été porté au casting. Si les adultes sont joués par des comédiens connus et reconnus (Isabelle Carré, Alex Lutz, Ahmed Sylla, François Damiens), les personnages principaux sont interprétés par cinq enfants, dont certains font leurs premiers pas sur un plateau de cinéma.
Les créateurs impressionnés par les jeunes acteurs
Des Lulus plus vrais que nature, comme l'ont découvert avec bonheur les créateurs de la série, Régis Hautière (scénariste) et Hardoc (dessinateur) : "C'est assez troublant. Et en rentrant chez moi, je me disais, mais en fait c'est vraiment eux. J'avais l'impression d'avoir rencontré des Lulus que j'aurais pu dessiner par la suite", confie Hardoc.
La guerre des Lulus raconte l’odyssée de Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig, quatre des pensionnaires de l’orphelinat (rejoints plus tard par Luce) tout au long des années de la Grande Guerre. Après avoir manqué l'évacuation de leur village en 1914, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes quatre années durant à l’arrière des lignes allemandes.
Avec neuf tomes publiés (un dixième sortira avril 2022) et 356 000 albums vendus, c'est un succès de la bande dessinée jeunesse depuis 2013. Et bientôt, peut-être, au box-office. Sortie prévue début 2023.