Depuis dimanche 22 décembre, huit sapeurs-pompiers de l'Aisne et des Hauts-de-France sont à Mayotte pour aider les populations locales. Actions de reconnaissance, soins, déblaiement, travaux... Ils sont sur tous les fronts pour soutenir les sinistrés du cyclone Chido.
Deux semaines après le passage du cyclone Chido qui a terrassé Mayotte, les besoins d'aide, de soins et de reconstructions sont plus importants que jamais. Pour apporter leur soutien aux sinistrés, huit sapeurs-pompiers de l'Aisne et des Hauts-de-France se sont rendus ce dimanche 22 décembre sur place avec l'association France Aide Urgence Secours International (FAUSI).
Depuis, "tout se déroule plutôt bien" avec la population et les autorités locales. Mais du point de vue des opérations, "c'est compliqué, parce que c'est déjà une île difficile et la situation ne fait qu'amplifier un problème récurrent", note Alexandre Pertin, président de FAUSI et sapeur-pompier de l'Aisne, actuellement à Dembéni.
"Il y a beaucoup de travail"
Ce matin encore, les équipes étaient sur des "actions de reconnaissance" dans les bidonvilles. Ils ont été reconstruits "quasiment" comme avant l'arrivée du cyclone. En effet, nous sommes en pleine saison des pluies, les habitants doivent "retrouver un mode de vie à peu près, normal, entre guillemets" et ne pas rester dehors. Tout un travail de déblaiement reste à faire. Demain, un grand chantier sera mis en place pour ouvrir un accès en bordure d'un bidonville. "La communauté met en place des conteneurs pour récupérer les poubelles, les ordures, et là, il y a des chemins qui sont bouchés par la chute d'arbres", ce qui génère une multitude de déchets et un important risque sanitaire.
Alexandre Pertin souligne que de nombreux travaux sont à prévoir sur les bâtiments publics et les habitations en dur : "il y a beaucoup de toitures d'arrachées, le bâchage se met en place et après, la phase de reconstruction arrivera dans un deuxième temps". Mais le plus gros reste le soutien médical à la population. Pour le moment, les équipes arrivent à mettre en place simultanément un ou deux dispensaires par jour. Ceux-ci regroupent une centaine d'habitants par jour pour des consultations, des soins de plaies légères, graves ou des brûlures. Le choix se fait en fonction du besoin estimé : "quand on part en extérieur, on fait des dispensaires sur des demi-journées avec une partie de l'équipe et nos deux médecins". Ils ont aussi parfois le renfort d'un médecin de la sécurité civile.
Néanmoins, Alexandre Pertin constate que la majorité de la population ne se déplace pas sur les dispensaires fixes. Il faut alors aller à leur rencontre pour les atteindre. "Sur Dembéni, on a un poste fixe et la gendarmerie, avec le [camion militaire], vient récupérer des tonnelles, des chaises, des tables à notre dispensaire et va l'exporter" pour traiter les blessures. "Tout ce qui nécessite l'emploi, en tout cas la connaissance médicale, on le partage sur les deux ou trois médecins qu'on a à disposition sur les dispensaires", précise-t-il.
"Pour effacer tout ça, il va falloir du temps"
Alexandre Pertin était déjà intervenu sur l'île de Saint-Martin après le cyclone Irma en 2017. "C'est exactement le même paysage, d'autant que c'est une île des Caraïbes, on a à peu près la même végétation, la même typologie d'île", observe-t-il avant d'ajouter : "c'est pour ça que, pour moi, ça ne m'a pas choqué, mais en tout cas, une chose est certaine : les dégâts sont exceptionnels. Pour effacer tout ça, il va falloir du temps".
À l’heure actuelle, les populations mahoraises manquent d'eau. Elles peuvent en trouver dans les magasins, mais encore faut-il qu'elles aient encore les moyens d'en acheter. De nombreux habitants sont obligés de boire l'eau de la rivière, cette même eau utilisée pour faire la lessive, "et ça peut être problématique d'un point de vue médical". L'alimentation est également une préoccupation importante. "Et après, le reste de la population se contente de pas grand-chose parce qu'ils sont habitués à ne pas avoir grand-chose", souffle Alexandre Pertin.
"Il y a des gens qui ont tout perdu : les vêtements, les meubles... il va falloir qu'ils engagent beaucoup de dépenses pour retrouver un mode et un niveau de vie acceptables", conclut-il. Le sapeur-pompier quittera Mayotte ce dimanche, mais une relève de 12 collègues arrivera le même jour pour poursuivre la mission.