À cause du retrait d'un candidat juste avant le premier tour des élections municipales à Essises dans l'Aisne, le maire actuel de la commune n'a pas pu être réélu. Il doit donc organiser un second tour avec un candidat démissionnaire, certainement sans bulletin de vote, ni électeur.
Si la situation, ubuesque on vous l'accorde, peut prêter à sourire, le maire actuel de la commune d'Essises n'en a pas dormi de la nuit. "La colère est un peu redescendue, mais encore aujourd'hui je ne comprends pas ce qu'il se passe", confie Christian Tréhel.
Élu depuis 30 ans, maire de la commune de 420 habitants depuis 25, c'est bien la première fois qu'il est confronté à une telle situation : organiser un second tour des élections municipales avec un candidat démissionnaire... "C'est une première, et j'aurais bien aimé m'en passer", enchérit-il.
Imbroglio juridique
Pour comprendre ce qu'il s'est passé, il faut revenir presque 3 mois en arrière. Onze conseillers municipaux se présentent au premier tour dans la commune. Seulement, après un désaccord lors d'une réunion concernant le plan local d'urbanisme, l'un d'entre eux décide de se retirer. juste avant
"On a demandé tout de suite des renseignements à la sous-préfecture, si l'on pouvait quand même faire l'élection, explique Christian Tréhel. Nous avons donc changé les bulletins de vote, retiré sa photo et on nous a assuré qu'il n'y aurait pas de second tour."
Dimanche 15 mars, les dix conseillers municipaux sont élus. Puis à la fin du confinement, le 23 mai, le maire et ses adjoints sont élus à leur tour. Le procès-verbal de l'élection est envoyé en sous-préfecture. Mais dès le lundi suivant, c'est le coup de massue. Le PV est refusé. "On ne l'avait pas vu venir celui-là", lance le maire d'Essises. Le premier tour n'est pas valide, car selon l'article L267 du code électoral, "aucun retrait volontaire ou remplacement de candidat n'est accepté après le dépôt de la liste." Le candidat doit donc être élu avant de pouvoir démissionner.
"C'est n'importe quoi ! déplore Christian Tréhel. Cela nous oblige à tout remettre en place pour rien."
En respectant les mesures sanitaires
Jeudi 28 juin, la commune d'Essises devra donc organiser un second tour en veillant à faire respecter les mesures sanitaires. "Il faut redescendre les isoloirs, refaire le fléchage au sol, remettre des conditions sanitaires en place, ça fait du travail", affirme l'édile.
Et du travail pour rien visiblement. "Il n'y aura sûrement pas de bulletin, ni d'électeur d'ailleurs... Certains ne comprennent pas ce qu'il se passe, ils se demandent pour qui il faut voter."
Pour la forme, uniquement, le bureau de vote sera ouvert toute la journée. Bien conscient du caractère absurde de la situation, Christian Tréhel finit par esquisser un sourire. "C'est du temps perdu, j'avais des sujets pressants à exécuter au conseil municipal, on devra attendre encore, notamment pour voter le budget, c'est ce qui m'embête le plus, mais on n'a pas le choix."